Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

AGENTS FONCTION PUBLIQUE

20 Avril 2019 , Rédigé par FO Services Publics 51

Le gouvernement part à la chasse aux idées

des agents pour améliorer leur quotidien

 

Depuis le 15 février, les agents de la fonction publique de l’État sont appelés à faire part de leurs idées pour améliorer leurs conditions de travail. Des idées qui pourront alimenter le projet de loi de transformation de la fonction publique, présenté ce 27 mars en Conseil des ministres.

“Il faut mobiliser les compétences internes en mutualisant les ressources entre services avant d’externaliser” ; “il faut faciliter l’accès aux congés et formations” ; “il faut un droit à la déconnexion”, “il faut améliorer l’accessibilité des postes à responsabilité aux femmes”…

Toutes ces injonctions sont autant de propositions soumises par des agents de la fonction publique de l’État à l’occasion d’une consultation en ligne conduite par la direction interministérielle de la transformation publique (DITP). L’ensemble des 2,5 millions d’agents concernés ont été et sont encore invités à répondre de manière libre à la question “comment lever les blocages que vous rencontrez au quotidien ?” et à voter pour ou contre les propositions qu'ils jugent les plus imporantes ou les plus négatives. Même si elles ne sont pas toujours dans les clous.

Le lancement de cette consultation s’inscrit dans les objectifs de simplification portés par le gouvernement, notamment à travers le programme Action publique 2022 et surtout le projet de loi de réforme de la fonction publique, présenté ce mercredi 27 mars en Conseil des ministres. “Cette simplification se traduit traditionnellement par des actions de simplification normatives, des actions avec les ministères, ou des initiatives comme France Experimentation”, explique Jérôme d’Harcourt, responsable du département “Programme de transformation” à la DITP et directeur de cabinet du patron de cette direction, Thomas Cazenave. “Nous avons souhaité élargir cette démarche à l’interne, en partant du principe qu’elle doit aussi simplifier le cadre de gestion et le quotidien des agents, au niveau des irritants, des procédures superflues, et des lourdeurs administratives et organisationnelles…”

Alimenter la réforme avant son arrivée au Parlement

La consultation s’est organisée en trois vagues distinctes, pour viser successivement différents ministères et services déconcentrés, et la faire vivre sur la durée. Elle a débuté le 15 février et court jusqu’au 15 avril. Et ce en vue de nourrir le projet de loi de réforme de la fonction publique avant son examen à l’Assemblée nationale, prévu à partir du mois de mai. Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt, s’est engagé, au lancement de la consultation, à répondre aux 20 propositions les plus votées. Cela ne veut toutefois pas dire qu’elles intégreront automatiquement le projet de loi. “La promesse, c’est qu’elles seront approfondies et retravaillées, éventuellement en mobilisant des travaux complémentaires, en faisant du qualitatif, des ateliers avec des agents...” soutient Jérôme d’Harcourt.

À date, 80 000 agents se seraient déjà mobilisés, selon les chiffres de la DITP, pour enregistrer 800 000 votes, et 10 000 propositions dans une variété de catégories : management, recrutement, gestion des carrières, rémunération, outils numériques ou bien encore assouplissement réglementaire… Pour répondre à la fameuse question, un cadre bien défini a été imposé aux agents participants. Ils doivent nécessairement débuter leur phrase avec “il faut” et la conclure en moins de 140 caractères. Un cadre formel dans lequel les agents sont totalement libres sur le fond et qui aurait permis, selon la DITP, d’obtenir un taux de proposition par agent nettement supérieur à ce qui se pratique d’ordinaire.

Mis à part le module permettant de voter sur une vingtaine de propositions, la navigation ne permet malheureusement pas d’avoir une vue d’ensemble des propositions. Impossible donc, depuis l’extérieur, d’identifier les propositions les plus votées. Un écueil totalement assumé par la DITP. “L’idée est vraiment de miser sur l’algorithme de la plate-forme [Make.org, ndlr], qui permet de remonter de manière aléatoire les propositions soumises et ainsi d’éviter les consignes de vote et les bourrages d’urnes”, dit Jérôme d’Harcourt. 

Traitement des résultats

C’est cette même technologie qui analysera les contributions des agents pour les classer. “L’essentiel du travail de traitement consistera à reconnaître les propositions proches et de les rassembler par propositions identiques, puis par catégories, indique le responsable de la DITP. On aura ainsi, en bout de chaîne, cette liste des propositions qui ont recueilli la plus forte adhésion, avec la possibilité de les qualifier” selon leur pertinence et d’en tirer d’éventuelles conclusions.

Le fonctionnement de la plate-forme, qui ne requiert pas d’inscription, ne permet en revanche pas d’analyser les résultats et la participation administration par administration. “Nous nous sommes tout de même organisés pour pouvoir suivre la participation par ministères en leur adressant à chaque fois des liens différents”, fait savoir Jérôme d’Harcourt. En effet, si la consultation est complètement ouverte à ce jour, y compris à des personnes qui ne sont pas agents publics, la communication autour de l’opération s’est faite, pour les trois premières vagues, uniquement via des canaux internes. À chacun d’opter pour le moyen de communication qu’il estime le plus efficace. À Bercy, le lien vers la consultation était ainsi présenté sur la page d’accueil de l’intranet, quand la Santé a préféré envoyer un mail à ses 60 000 agents.

Pour la dernière vague, qui court jusqu’au 15 avril, les organisateurs ont fait le choix de proposer un lien d’accès non plus par administrations mais générique, accessible à tout un chacun, afin de relayer plus largement la consultation pour que “tous les agents qui n’avaient pas été touchés par les managers puissent y répondre”, nous dit la DITP 

Tendance globale

Le gouvernement ne s’est engagé à répondre qu’aux 20 premières propositions, mais il va sans dire qu’une telle consultation va générer une quantité d’informations sur les besoins des agents publics qui pourront orienter l’action future. Et ce d’autant plus que certaines propositions sortent du champ de la thématique initiale ou restent assez vagues d’un point de vue pratique. 

“Nous allons également travailler à analyser ce qui se dégage comme parfum plus global, issu notamment de certaines remarques du type « il faut remettre plus d’agents sur le terrain », « il faut moins de hiérarchie et faire confiance aux agents », avance Jérôme d’Harcourt. Ce sont des thématiques moins opérationnelles mais qui veulent dire quelque chose et qui s’alignent tout de même avec les orientations des CITP : redonner des marges de manœuvre aux agents”.

Reste à voir si cet engagement d’approfondissement des propositions les plus votées sera suivi de mesures concrètes ou si cet exercice de mobilisation ne servira pas uniquement de caution à “l’écoute des agents” pour légitimer le projet de loi de réforme de la fonction publique, que les syndicats ont tous rejeté d’une seule voix.

ACTEURS PUBLICS : ARTICLE PUBLIE LE MERCREDI 27 MARS 2019 & EMILE MARZOLF

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article