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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

EDUCATION

24 Juin 2017 , Rédigé par FO Services Publics 51

EDUCATION

Réforme des rythmes scolaires : faute d’évaluations sérieuses, le gouvernement navigue à vue

 

Le débat sur les rythmes scolaires a repris de plus belle, sans aucune évaluation pour étayer les propositions du gouvernement.

Le projet de décret du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui prévoit la possibilité de revenir à la semaine de quatre jours ainsi que le décompte en demi-journées, a été rejeté le 8 juin par le Conseil supérieur de l’éducation. Coïncidence opportune, la veille, une synthèse du groupe de travail du Sénat consacré à la réforme des rythmes scolaires était dévoilée.

On peut y lire que « ne pas avoir prévu les modalités de son évaluation constitue l’une des erreurs de la réforme de 2013 ». Les mots du groupe de travail ne sont pas assez durs pour juger de la légèreté avec laquelle le gouvernement précédent a piloté la réforme des rythmes scolaires, selon « des injonctions répétées et contradictoires ».

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Pas de groupes témoins constitués avant la réforme

 

« Il aurait fallu se donner le temps de l’évaluation », regrette Claire Leconte, chercheuse, spécialiste des rythmes de l’enfant depuis plus de trente ans. Or, une évaluation scientifique digne de ce nom requiert la constitution de groupes témoins avant la mise en place de la réforme. « Comme toutes les communes sont passées aux nouveaux rythmes, nous n’avons plus le niveau de base », ajoute-t-elle.

Les analyses qui seront faites ne peuvent donc l’être qu’à un niveau très subjectif. « Chacun y va de son propre sentiment », regrette la chercheuse.

Pourtant, si la méthode était mauvaise, en 2013, les intentions de départ étaient louables: « Retrouver des rythmes scolaires mieux adaptés à l’objectif de réussite de tous », expliquait le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Car, en imposant la semaine de quatre jours dans son décret du 15 mai 2008, le ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, avait la science contre lui. En 2001, déjà, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dans un rapport intitulé « Rythmes de l’enfant-De l’horloge biologique aux rythmes scolaires », concluait que si « la taille réduite des études » associées à de « grandes variabilités interindividuelles » donnait parfois des résultats contradictoires, aucun résultat, en revanche, ne plaidait « en faveur d’une telle organisation du temps scolaire ».

En 2002, l’inspection générale de l’éducation nationale qui évaluait dans un rapport les effets de la semaine de quatre jours conseillait, elle aussi, d’en stopper le développement « en l’absence d’études fiables sur les effets de cette organisation du temps scolaire sur les résultats et les comportements des élèves ».

Des rapports sans effet sur les décisions politiques

En 2010, l’Académie de médecine recommandait à son tour d’éviter la semaine de quatre jours, insistant sur son rôle néfaste « sur la vigilance et les performances des enfants ». Elle conseillait plutôt « d’aménager la semaine sur quatre jours et demi ou cinq jours » et « d’alléger le temps de présence quotidien de l’élève à l’école en fonction de son âge ».

 

En janvier 2011, le rapport de synthèse de la conférence nationale sur les rythmes scolaires remis à Luc Chatel arrivait aux mêmes conclusions: « La semaine de quatre jours à l’école primaire est inadaptée » et génère « fatigue des élèves et resserrement des enseignements ».

La plupart des travaux de recherche portent sur l’incidence des rythmes scolaires sur la vigilance des enfants durant la journée, à l’échelle d’une école ou d’une ville. Toutefois, aucune évaluation n’a encore été lancée pour mesurer leurs conséquences sur les résultats scolaires. « C’est très difficile à mesurer, sauf à suivre la même cohorte pendant plusieurs années », convient Claire Leconte.

Les rapports ont beau se succéder, cela ne semble avoir aucun effet sur les décisions politiques. Au grand désespoir des chercheurs et chronobiologistes.

« J’ai du mal à comprendre cet acharnement! On repart avec des demi-journées et des matinées de trois heures trente! » s’offusque Claire Leconte. Même les sénateurs sont montés au créneau, réclamant de fonder toute nouvelle réforme sur l’expérimentation et l’évaluation, et de compenser l’éventuel retour à la semaine de quatre jours par la réduction de la durée de la journée scolaire et des vacances d’été.

La gazette des communes : Article publié le mardi 20 juin 2017 & Michèle Foin

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