REFORME DE L’ETAT

23 Mai 2020 , Rédigé par FO Services Publics 51

Des pistes pour réformer l’État à l’heure de la crise

Dans une note publiée ce vendredi 15 mai, le Cercle de la réforme de l’État liste les “ingrédients du succès” des réformes et pointe notamment l’excès de centralisation.

Stop ou encore ? Que restera-t-il des réformes ou restructurations engagées avant la crise sanitaire ? Le Cercle de la réforme de l’État, think tank composé de hauts fonctionnaires et d’universitaires, trace, dans une note mise en ligne sur son site, plusieurs pistes sur les “ingrédients du succès” des réformes dans la sphère publique.

Ce “mode d’emploi” avait fait l’objet, juste avant la crise, le 28 février dernier, d’un séminaire et vient d’être actualisé, dans une note publiée ce vendredi 15 mai, pour tenir compte de la situation de ces dernières semaines et du début du déconfinement, entamé le 11 mai. “Les priorités, les grilles d’analyse, les points nodaux, les méthodes doivent-ils demeurer les mêmes aujourd’hui ?” s’interrogent les auteurs, qui pointent “le contexte de fortes tensions sur les finances publiques, de critiques vis-à-vis de l’État central”.

Le think tank ne vole d’ailleurs pas au secours de ce dernier, soulignant que la centralisation, “un des trois piliers du fonctionnement traditionnel de l’État” avec le “primat du hiérarchique” et le “contrôle a priori”, ne facilite pas la conduite du changement. Dans un climat où il est de plus en plus question de la responsabilité des décideurs publics, cette note part du postulat que “tout responsable public peut, dans son périmètre de responsabilité, être un conducteur ou un acteur efficace du changement”.

Culte de la réunion interministérielle

Ce bref vade-mecum de la réforme de l’État identifie quelques écueils à éviter, comme l’attitude qui consiste à partir trop exclusivement d’une logique de rationalisation, le fait d’avoir des préoccupations budgétaires trop immédiates ou une centralisation trop forte des décisions.

Un “culte de la RIM” (réunion interministérielle), qui “ralentit les processus, tend à effacer l’intérêt de l’usager derrière les enjeux de pouvoir, retarde les décisions”, avec la clé plus de restructurations que de réelles transformations…

Pour réussir, les acteurs de la réforme de l’État doivent, selon les auteurs de cette note, changer d’état d’esprit. Cela passe évidemment par l’inventivité, l’agilité, le pragmatisme, mais aussi par plus d’ouverture et moins d’“entre-soi et de nombrilisme administratif”. Autre nécessité, surtout avec la période de fortes ruptures qui s’annoncent, “il deviendra encore plus déterminant de penser l’évolution et la mise en place des compétences métiers”. Une évidence qui a souvent été oubliée dans les réformes passées.

DRH de l’État

Une fois ces règles et préalables posés, le Cercle de la réforme de l’État insiste sur l’art de l’exécution. Cela passe par un effort de co-construction du changement avec l’encadrement et les agents, un portage politique fort – sans tomber dans le piège d’un pilotage trop centralisé… –, une bonne gestion du temps, une communication adaptée pour conduire le changement, un accompagnement RH personnalisé… Au passage, la note revient sur le vieux serpent de mer d’une véritable DRH interministérielle de l’État, rôle que ne remplit pas aujourd’hui la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), qui fait essentiellement du statutaire.

Enfin, les auteurs de la note appellent à donner une réelle place aux modèles de transformation innovants, tels que ceux des start-up d’État, tout en se montrant réservés, soulignant que l’on n’avait “pas encore réellement vu de démonstrations convaincantes que ces start-up puissent efficacement irriguer des processus de transformations publiques”.

acteurs publics : ARticle publie le vendredi 15 mai 2020 & BRUNO BOTELLA

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