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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

GESTION RESSOURCES HUMAINES

9 Février 2024 , Rédigé par FO Services Publics 51

Le changement climatique, un enjeu pour la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences des collectivités

Si les collectivités sont nombreuses à multiplier les projets en faveur de la lutte contre le changement climatique, par exemple au niveau de leur parc immobilier, ces travaux concernent rarement les métiers des ressources humaines. Pourtant, une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences prenant en compte ces dimensions semble d’ores et déjà indispensable pour permettre aux collectivités de relever les défis à venir.

Le changement climatique avait été identifié comme l’une des priorités RH par les décideurs des collectivités territoriales dans le cadre d’un baromètre réalisé par KPMG en décembre dernier. Ces dirigeants mettaient en avant la nécessité de mettre en place une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) climatique en s’appuyant sur plusieurs leviers.

Parmi ceux-ci, la réalisation d’une cartographie des impacts des stratégies de réduction de l’empreinte carbone sur les organisations et les process de travail et l’intégration à la stratégie d’adaptation au changement climatique d’une gestion permettant à la collectivité de mesurer ses besoins en compétences.

Pour leur transition écologique, les élus locaux réclament davantage d’autonomie

La mise en place d’un tel dispositif impliquerait également de mettre en œuvre des mesures d’accompagnement des agents pour leur permettre d’adapter leurs pratiques et leurs compétences aux nouvelles missions et organisations nécessaires et enfin d’intégrer à la stratégie d’attractivité les besoins en recrutement sur les compétences que la collectivité ne peut pas développer en interne.

Mais de la théorie à la pratique, il y a un pas que les collectivités sont encore peu nombreuses à franchir. Pourtant, “la fonction RH doit être au cœur de la stratégie d’adaptation au changement climatique, a insisté Thomas Straub, associé KPMG « secteur public », à l’occasion d’une intervention consacrée à la mise en place de cette fameuse GPEC climatique. Le changement climatique va avoir des impacts majeurs sur tout ou partie des activités et des collectivités et donc sur tout ou partie des métiers. Il faut l’anticiper dans toutes ses dimensions humaines car il s’agit d’une incroyable opportunité.”

Transformation des compétences

Comme le rappelle un rapport produit par KPMG et intitulé “Transformation et GPEC climatique, le choc de compétences pour les collectivités”, les métiers vont inévitablement changer dans les années à venir. L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) évalue à 25 000 le nombre de recrutements nécessaires d’ici 2030 pour renforcer les capacités d’ingénierie des collectivités sur ces sujets. Un mouvement qui donnera lieu à une transformation, elle aussi inévitable, des compétences.

Aujourd’hui, près de 2 millions d’agents territoriaux sont considérés comme exerçant un métier “verdissant”, comme les acheteurs, les urbanistes ou encore les agents de la protection civile. Des métiers qui impliquent une évolution vers des pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement, même s’ils ne sont pas directement liés à des secteurs environnementaux. Les experts de KPMG mettent en garde sur la distinction à faire entre les métiers “verts”, c’est-à-dire directement liés à la transition écologique, et les métiers “verdissants”, ces derniers étant en réalité très directement engagés dans la lutte active contre les effets et les causes des transformations climatiques. C’est par exemple le cas des jardiniers.

Autrement dit, pour être efficace cette GPEC climatique ne doit pas exclure certains métiers dits non verdissants, comme les agents des crèches, les Atsem ou encore les métiers relevant des services aux populations.

Les dirigeants des collectivités veulent placer les questions climatiques et l’IA au centre des enjeux RH

La mise en place d’une GPEC climatique doit donc concerner l’ensemble des agents, mais aussi ne pas représenter une contrainte supplémentaire au quotidien. Il y a quelques années, pour de nombreux agents des espaces verts, la suppression progressive de l’utilisation des produits phytosanitaires a été vécue comme une contrainte, avec des effets directs sur leurs conditions de travail. D’où la nécessité d’observer la situation de travail réelle des agents.

“L’idée, dans les stratégies ou démarches de décarbonation des politiques publiques, de réduction des GES ou les stratégies d’adaptation, c’est de pouvoir faire le lien sur les stratégies et les enjeux RH et organisationnels et de conduite du changement”, résume Thomas Straub. Une dynamique qui dépend de la mobilisation de compétences déjà engagée dans les collectivités, mais dont l’essentiel reste encore à inventer.

“Pour une expérience réussie, il faut faire travailler de concert les directions opérationnelles et les directions de projet. C’est une démarche qui peut réellement embarquer les équipes”, assure Thomas Straub. Tout en ajoutant que le coût à moyen terme de ne pas lancer une telle démarche est bien supérieur au coût et aux conséquences que l’absence de GPEC climatique pourra avoir à long terme sur la santé financière des collectivités.

acteurs publics : article publie le mercredi 24 janvier 2024 & MARIE MALATERRE

 

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