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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

TRANSFORMATION DE LA FONCTION PUBLIQUE

17 Décembre 2020 , Rédigé par FO Services Publics 51

Sur la discrimination positive, les syndicats de la fonction publique restent très réservés

Alors que la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a redit son intention de réserver des places aux concours de la haute fonction publique aux candidats issus des milieux modestes, les représentants du personnel avertissent sur le risque d’une mesure contre-productive et potentiellement stigmatisante. Il faut agir davantage en amont des concours, estiment-ils.

La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, l’a confirmé mercredi 9 décembre : elle est favorable à la création, dans les concours d’entrée aux écoles du service public, de voies d’accès pour les candidats issus des milieux modestes, avec des places réservées. Une forme de discrimination positive à la française, notion que la ministre récuse toujours.

“Ma première bataille, ce n’est pas tellement contre les discriminations, mais contre l’autocensure, a-t-elle ainsi déclaré lors d’un webinaire organisé par l’association Des territoires aux grandes écoles. Pour qu’il y ait discrimination, il faudrait d’abord que tous les élèves se présentent aux concours. Or il faut déjà s’assurer que ces concours ne soient pas des repoussoirs et qu’ils ne nourrissent pas, comme c’est parfois le cas, l’autocensure des candidats.” 

À quelques mois de la présentation de l’ordonnance sur la réforme de la haute fonction publique, le cadrage précis de ces nouvelles voies d’accès se fait toujours attendre. Saisi par le gouvernement d’Édouard Philippe, le Conseil d’État avait, en 2018, dans un avis confidentiel, assez libéral et révélé par Acteurs publics, validé le principe de places réservées aux concours tout en proposant aussi quelques garde-fous.

 Quoi qu’il en soit, la perspective de l’instauration d’une discrimination positive ne pouvait que faire réagir les représentants du personnel du secteur public.

Utile mais potentiellement stigmatisant

Très attachés aux principes républicains de méritocratie et d’égal accès aux emplois publics, ces représentants se montrent en effet réservés sur l’idée d’instaurer une dose de discrimination positive, voire de quotas. “La discrimination positive peut s’avérer utile pour impulser des changements indispensables”, souligne ainsi Mylène Jacquot, de la CFDT Fonctions publiques, en avertissant toutefois sur le risque de “mesures stigmatisantes”. 

“Tout ce qui peut permettre de recruter dans la fonction publique doit être examiné positivement, mais stigmatiser une tranche de la population par rapport à d’autres en lui réservant tel ou tel emploi ou plus de places aux concours peut devenir contre-productif”, ajoute Pascal Kessler, de la FA-FP. “C’est la personne, par ses compétences et non pas par son milieu social, qui est recrutée ou a accès à une école”, ajoute-t-il.

Tout en se disant attachée “au nécessaire équilibre entre égalité d’accès aux emplois publics et conditions d’une fonction publique représentative de la population”, la CGT se dit elle aussi “très réservée sur l’hypothèse de quotas”. La centrale de Montreuil pense au contraire nécessaire de travailler sur la nature des épreuves (parfois jugées discriminantes, dans le cas de la dissertation notamment) et sur les dispositifs de préparation aux concours. 

Détecter les potentiels dès le lycée 

Au-delà du concours en lui-même, en effet, les syndicats mettent en avant la nécessité d’agir en amont, et même bien en amont. “Le sujet de l’accès à la fonction publique des jeunes issus de milieux modestes ne pourra pas seulement être résolu avec un nombre de places réservées aux concours”, juge ainsi Luc Farré, de l’Unsa Fonction publique. 

“Il faut une politique de communication dans tous les lycées et dans les universités sur les missions de service public et les fonctions que chaque jeune pourra choisir en vue de construire son parcours professionnel”, ajoute-t-il en mettant en avant la nécessité de développer des classes préparatoires aux concours. Ce à quoi Amélie de Montchalin s’est engagée. 

“Il y a lieu de détecter au plus tôt des talents quelle que soit leur catégorie sociale”, abonde Nathalie Makarski, de la CFE-CGC, en citant un nécessaire accompagnement des élèves à potentiel par l’éducation nationale. Un constat partagé par Philippe Soubirous, de Force ouvrière, qui estime quant à lui que les solutions proposées par la ministre ne sont qu’un “sparadrap” sur “l’échec de l’école et de la promotion sociale du mérite républicain”. Des points où les leviers d’action de la ministre resteront limités, à la différence du champ de la haute fonction publique. 

acteurs publics : article publie le jeudi 10 décembre 2020 & BASTIEN SCORDIA

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