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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

INCLUSION NUMERIQUE

6 Mai 2023 , Rédigé par FO Services Publics 51

Bientôt un fonds pour territorialiser la politique d’inclusion numérique

Cinq ans après la première stratégie pour lutter contre l'exclusion numérique et deux ans après le plan “conseillers numériques France Services”, le gouvernement ouvre à la concertation sa feuille de route pour les cinq prochaines années, qui vise, notamment, à renforcer les gouvernances territoriales de l'inclusion numérique.

Cinq mois, 43 ateliers et 366 propositions plus tard, le gouvernement Borne présente son projet de feuille de route pour l’inclusion numérique. Cinq ans après le lancement de la première stratégie nationale pour aider les quelque 13 millions de Français en difficultés avec le numérique à monter en compétences, le ministre Jean-Noël Barrot a initié en novembre une nouvelle concertation sur la prochaine feuille de route pour les cinq années à venir, dans le cadre du “Conseil national de la refondation Numérique”. Cette concertation s’est déroulée aussi bien en ligne qu’en physique pour réfléchir aux moyens de consolider cette politique publique encore naissante, tant au niveau de son financement, de sa gouvernance et de son évaluation, que de sa professionnalisation. La consultation a débouché sur la présentation le 21 avril, par le ministre, d’un projet de stratégie pour 2023-2027, baptisée “France Numérique Ensemble”. Celle-ci reste en effet ouverte à la consultation, pendant un mois, pour permettre aux différents acteurs impliqués dans la politique de l’inclusion numérique, associations, collectivités, et entreprises de faire remonter leurs commentaires, afin d’obtenir “un large consensus en termes d’ambition, d’objectifs mais également de modalités opérationnelles de mise en œuvre”, peut-on lire dans la présentation de la future stratégie.

Comment l’inclusion numérique est devenue une vraie politique publique

On y retrouve, au total, 15 “engagements” autour des grandes thématiques de la concertation :  “gouvernance et modèles économiques”, “parcours usagers et outillage des professionnels”, “Formation et structuration de la filière professionnelle”, “Données et évaluation de la politique publique”. Quinze engagements reprenant parfois au mot près les propositions remontées de la concertation, dont il reste à préciser les contours, mais qui doivent répondre à 4 objectifs déjà fixés par le ministre Jean-Noël Barrot : “8 millions de Français accompagnés d’ici 2027”, “20 000 aidants numériques formés”, “25 000 lieux d’accompagnement”, et “2 millions d'appareils reconditionnés pour nos concitoyens les plus modestes”. Les engagements retenus ne correspondent toutefois qu’au périmètre d’action sur lequel peut intervenir l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), principal acteur étatique de la politique d’inclusion numérique, et des discussions devront être ouvertes, comme avec Stanislas Guerini, pour décliner les autres propositions avancées par l’écosystème.

Un fonds pluriannuel  

Malgré l’émergence d’une quinzaine de “hubs territoriaux pour un numérique inclusif” pour faciliter le lien entre les échelons local et national, les contributeurs ont fait remonter un besoin de “coordination des acteurs et des structures dans le cadre de gouvernances locales clairement identifiées”. Le gouvernement s’engage à ce titre à bâtir des feuilles de route territoriales d’inclusion numérique “sous l’égide des préfets de département et en copilotage avec les collectivités territoriales de référence”. Des collectivités locales de référence qui restent à identifier et désigner. “L’échelon départemental semble le plus adapté pour assumer cette gouvernance territoriale qui manque encore d’ancrage ”, explique Guilhem Pradalié, directeur général de la Mednum (médiation numérique), qui a supervisé la consultation, “mais il faudra laisser de la marge de manœuvre en fonction des territoires pour ne pas casser ce qui préexistait et pouvait bien fonctionner”. 

Les conseillers numériques en quête de nouveaux financements

L’un des principaux défis posés dans le secteur de l’inclusion numérique est celui de son modèle économique et de sa pérennisation, au-delà des appels à projets et financements ponctuels. Le plan de relance avait ainsi dédié une enveloppe inédite, de plus de 200 millions d'euros, pour le recrutement pour deux ans de 4 000 conseillers numériques France Services. Leur financement a été prolongé, mais en revoyant la contribution de l’État à la baisse, et donc, mécaniquement, celle des collectivités, à la hausse. La synthèse des contributions a notamment fait remonter “la question des modèles économiques pour les structures privées et de la soutenabilité financière pour les acteurs publics intervenant dans le champ de l’inclusion numérique”, soulevant notamment la “problématique de la multiplicité des sources de financement”. 

En réponse, le gouvernement souhaite créer un fonds pluriannuel, abondé par l’État et des contributions d'opérateurs volontaires et d’entreprises, non pas pour financer directement les médiateurs numériques, mais plutôt les actions d’ingénierie pour bâtir, financer et mettre en œuvre les feuilles de route territoriales. “Il faut encore aller chercher les entreprises privées, et notamment les grands groupes, pour les convaincre d’investir”, précise Guilhem Pradalié. Une instance de pilotage nationale et interministérielle devrait également voir le jour pour suivre la mise en œuvre de la nouvelle stratégie, et éventuellement l’ajuster.

Formation continue.

Pour mettre en œuvre cette stratégie, et concrétiser ses promesses, encore faut-il disposer d’un vivier suffisamment dense et robuste de professionnels de la médiation numérique. Une fois n’est pas coutume, le gouvernement veut faire en sorte de mieux reconnaître le métier de médiateur numérique, tant au point de vue du statut que du salaire.

Un comité de filière sera ainsi créé par l’ANCT pour rendre comptes des travaux engagés en début d’année pour préparer un engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC), un accord signé entre l’État et les branches professionnelles pour anticiper les besoins d’emplois et compétences d’une filière. S’agissant plus particulièrement des conseillers numériques France Services, dont l’État a financé le recrutement et la formation initiale, le gouvernement assure vouloir accompagner leur montée en compétences en soutenant leur formation continue. Plus largement, les compétences numériques de base des Français feront l’objet d’un suivi plus fin. Le gouvernement entend lancer, grâce à la plateforme Pix, un “Observatoire des compétences numériques” afin de mesurer régulièrement l’évolution du nombre de Français éloignés du numérique. D'ailleurs, la consultation a mis le doigt sur un problème majeur des dispositifs d'inclusion numérique : trop nombreux, disparates et méconnus, ils ne touchent pas suffisamment les premiers concernés.

ACTEURS PUBLIQUE : article publie le lundi 24 avril 2023 & EMILE MARZOLF

 

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