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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

MOBILISATION

28 Mai 2018 , Rédigé par FO Services Publics 51

Les syndicats de fonctionnaires en proie au doute devant l’essoufflement de la mobilisation

Assistons-nous à une forme de renoncement dans la fonction publique ? C’est la crainte de plusieurs représentants du personnel après la journée d’action du 22 mai, marquée par une chute de la participation dans les services et dans la rue.

Pari perdu pour les organisations syndicales ? C’est l’opinion de plusieurs représentants du personnel au lendemain de la journée d’action unitaire du 22 mai. Comme les chiffres de la participation le prouvent, les syndicats de fonctionnaires ont en effet échoué à mobiliser en masse contre le gouvernement, en dépit de l’unité affichée. L’occasion pour certains leaders syndicaux d’y voir un signe de “découragement” de la base, voire de “renoncement”. “Il y a un véritable problème à mobiliser” ,juge, dépité, l’un d’entre eux.

À 18 heures, mardi 22 mai, le taux de grévistes s’est ainsi établi à 10,29 % dans la fonction publique d’État (dont 11,32 % de grévistes dans les ministères), à 6,57 % dans la territoriale et à 7,5 % dans l’hospitalière (y compris les agents grévistes assignés dans les services). Des chiffres sensiblement inférieurs, donc, à ceux enregistrés lors des précédentes journées d’action : le 22 mars dernier où, rappelons-le l’Unsa et la CFDT ne s’étaient pas jointes à la mobilisation, et le 10 octobre 2017. Le constat est similaire dans les rues françaises, où 139 000 personnes ont au total manifesté selon le ministère de l’Intérieur, contre 323 000 personnes en mars [cliquez ici pour consulter nitre article : “22 mai : la mobilisation s’essouffle dans la fonction publique”].

Revendications sur le pouvoir d’achat, opposition à la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, au projet de réforme du cadre statutaire des agents publics… “Toutes les raisons étaient pourtant réunies pour que les agents se mobilisent en masse contre l’avenir que le gouvernement leur promet”, réagit Denis Turbet-Delof, de Solidaires, tout en regrettant la faiblesse de la participation.

Crédibilité impactée

Comment expliquer un tel infléchissement de la mobilisation ? Une chose est sûre : la présence inédite des leaders des grands confédérations (Laurent Berger pour la CFDT, Pascal Pavageau pour FO et Philippe Martinez pour la CGT notamment) n’a pas suffi. Les raisons invoquées par les représentants du personnel sont pour leurs parts multiples. L’accumulation des mouvements (la journée d’action du 22 mai était la troisième depuis le début du quinquennat) et l’impact financier, bien entendu, de ces débrayages pour les agents publics.

Mais c’est surtout un autre facteur d’explication qui semble faire l’unanimité dans les rangs syndicaux : la difficulté à tenir le bras de fer avec l’exécutif et donc à faire infléchir sa politique à l’égard des agents publics. “Les marges de négociation sont malheureusement minimes ce qui peut expliquer une certaine forme de dépit”, regrette Bruno Collignon, président de la Fédération autonome de la fonction publique (FA-FP).

Depuis le mois de février et le lancement de la concertation sur la réforme du cadre statutaire des agents publics, le gouvernement semble en effet déterminé à faire aboutir les 4 chantiers lancés dans ce cadre : la définition d’un nouveau modèle de dialogue social par la réorganisation et la simplification des instances actuelles, l’élargissement du recours aux contrats, l’évolution de la politique de rémunération dans la fonction publique et le renforcement de l’accompagnement des agents pendant leur carrière. Une dynamique qui, selon un représentant du personnel, n’est pas près de retomber compte tenu des taux de participation enregistrés ce 22 mai. “La mobilisation en baisse offre un véritable boulevard au gouvernement qui se trouve conforté dans sa logique selon laquelle les agents publics ne sont pas farouchement opposés à son programme”, juge ce leader pour qui la “crédibilité est désormais en jeu”.

D’autres modalités d’action ?

Même si certaines organisations syndicales appellent à poursuivre la mobilisation (à l’image de la CGT) et se disent “plus déterminées que jamais”, comme le rapporte Nathalie Makarski, de la CFE-CGC, la question de l’efficacité et de la pérennisation du mouvement syndical semble bel et bien posée. “Nous devons nous interroger sur les modalités d’expression de notre mécontentement, et c’est un chantier très complexe”, estime Denis Turbet-Delof.

Une problématique qui sera au cœur de la réunion intersyndicale prévue vendredi 25 mai, où les représentants du personnel tireront le bilan de la journée du 22 mai et envisageront peut-être de nouvelles actions pour les semaines et mois à venir. En ligne de mire notamment : la remise du rapport du comité Action publique 2022 et ses suites possibles, mais aussi le rendez-vous salarial du mois de juin.

“Nous sommes déterminés à déconstruire les clichés sur l’action syndicale qui ne se résume pas seulement à des manifestations, explique Mylène Jacquot, de la CFDT. Les formes d’action peuvent être diverses, sans forcément être spectaculaires.” Les enjeux pour les représentants du personnel étaient déjà conséquents en amont de la journée du 22 mai, ils le sont encore davantage aujourd’hui. Et ce d’autant plus que les positions des représentants du personnel ne manqueront de commencer à diverger, élections professionnelles du 6 décembre obligent. Complexe équation en perspective.

ACTEURS PUBLICS : Article publie le mercredi  23 MAI 2018 1& BASTIEN SCORDIA

 

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