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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

TRANSITION ECOLOGIQUE

27 Février 2024 , Rédigé par FO Services Publics 51

L’intelligence artificielle se met de plus en plus au service de la transition écologique dans les collectivités

L’association Les Interconnectés a organisé une journée consacrée à la mise en place de l’intelligence artificielle au service des projets territoriaux, jeudi 8 février au ministère de la Transition écologique. L’occasion de revenir sur la feuille de route “IA et transition écologique” lancée en 2021 par le ministère, sur les appels à projets engagés et de réunir la communauté d’acteurs qui en a résulté.

“L’intelligence artificielle inquiète autant qu’elle est source de promesses.” En introduction de la journée consacrée à l’intelligence artificielle (IA) au service de la transition écologique des territoires, organisée ce jeudi 8 février au ministère de la Transition écologique, Thomas Le Sueur, commissaire général au développement durable (CGDD), a rappelé à quel point l’intention est “déterminante” en matière d’IA. “Et précisément, l’intention qui fait notre communauté est bien de mettre l’intelligence artificielle au service des territoires et au service de la transition écologique pour les territoires”, a-t-il ajouté.

À destination des élus, des représentants des administrations locales, établissements publics, associations et entreprises, cette journée d’échanges, organisée par l’association Les Interconnectés, a également permis aux acteurs de participer à différents ateliers, concernant la collaboration avec la recherche, la gestion des risques ou encore l’IA générative.

Appel à projets

L’objectif de recourir à l’intelligence artificielle pour décarboner le pays a fait l’objet d’une première feuille de route intitulée “IA et transition écologique”, élaborée par le ministère de la Transition écologique (MTE) en 2021 et mise à jour en novembre dernier. Elle s’inscrit dans le contexte de 2 dynamiques prioritaires : la stratégie nationale sur l’intelligence artificielle et la planification écologique, officiellement lancée par Emmanuel Macron en septembre 2023.

L’un de ses axes a pour finalité d’accélérer la transition écologique des territoires grâce au potentiel de l’IA, incluant notamment l’appel à projets “Démonstrateurs d’IA frugale pour la transition écologique dans les territoires”, lancé en juillet 2022. L’objectif : permettre, à travers des expérimentations locales, de faire passer les initiatives concluantes à l’échelle et de mettre en place une communauté d’acteurs publics et privés autour de l’IA dans les territoires.

Comment l’État veut accompagner la transition écologique des collectivités grâce à l’IA

Selon les dernières données de l’observatoire Data Publica, la dynamique de l’IA dans les collectivités s’accélère, entre 200 et 300 projets en la matière étant en cours de développement. Ils touchent à différentes thématiques, mais la transition écologique et tous les enjeux qu’elle regroupe – consommation énergétique, gestion de l’eau, bâtiments… – est également sur la pente ascendante. Un livre blanc de la communauté des acteurs de l’IA dans les territoires a notamment été publié en novembre dernier, recensant différents cas d’usage et bonnes pratiques. 

Capitaliser sur les retours d’expérience

Pour rappel, 2 appels à projets sont à l’œuvre et continuent d’engranger de nouvelles candidatures : “Territoires intelligents et durables” et “Démonstrateurs d’IA frugale pour la transition écologique dans les territoires”.

Le premier compte désormais 13 lauréats pour un total de 30 millions d’euros alloués pour financer les projets, tandis que le second soutient 4 initiatives, pour environ 5 millions d’euros de financement.

Mais la liste n’est pas arrêtée : la Banque des territoires a reçu une nouvelle vague de candidatures le 1er décembre 2023, comportant 20 dossiers qu’elle est en train d’instruire. “Dans le cadre de ces appels à projets, les objectifs sont d’expérimenter des choses, favoriser la réplicabilité, le passage à l’échelle et puis créer une communauté de pilotes et d’acteurs qui pourront apprendre ensemble et aller vers le succès de ces projets”, a présenté Barbara Cuffini-Valéro, chargée de projet “Démonstrateurs territoriaux d’IA frugale” à la Banque des territoires. Elle salue la diversité des thématiques abordées, allant de sujets relativement classiques, comme la gestion de l’eau, à des thématiques émergentes, telles que la pollution sonore. 

“L’une des visées de ces travaux est d’éclairer les agents publics dans leur prise de décision”, a déclaré le commissaire général au développement durable, souhaitant ainsi améliorer le service public “dans toutes sortes de domaines”, que ce soient les transports, l’usage des bâtiments, la rénovation énergétique ou encore la maintenance des réseaux. Se voulant participative et ponctuée de témoignages, la journée du 8 février a été l’occasion de présenter certains projets menés à bien ou en cours dans les collectivités. À titre d’exemple, la métropole de Nantes est en train de plancher sur le développement d’un système d’intelligence artificielle pour sensibiliser les foyers aux économies d’eau, une démarche accompagnée par la Cnil pour garantir la protection des données personnelles.

Dynamiques intercommunales

Dans un autre registre, Rennes Métropole a vu son projet “City Orchestra”, visant à doter les collectivités d’une suite d’outils pour faciliter l’accès aux données nécessaires à l’élaboration des politiques de transition écologique, retenu dans l’appel à projets “Territoires intelligents et durables”. “Le projet a pour fonction de rassembler quinze ans d’expérimentations de la métropole sur le sujet de la donnée au sein d’une plate-forme partagée à l’échelle territoriale, explique Yann Huaumé, vice-président au numérique et à la ville intelligente de Rennes Métropole.

 Il vise à recenser tous les cas d’usage qui préexistaient, à regarder comment on industrialise la fonction data à l’intérieur de la métropole et comment l’IA prend sa place en termes d’outils.”

Des propositions pour faire passer les territoires connectés du concept à la réalité

Autre exemple de dynamique intercommunale en matière d’IA au service de la transition écologique : la métropole du Grand Paris, comptant 131 communes. “Notre philosophie : faire avec les maires”, a présenté Geoffroy Boulard, vice-président de la Métropole du Grand Paris, qui affirme que l’innovation et notamment l’IA a désormais “envahi le spectre communal”. La métropole accompagne donc les communes, services, maires et agents intéressés en la matière, que ce soit en proposant des experts ou en cofinançant des projets.

Un réseau métropolitain a été mis en place pour former les agents des différentes communes “et leur permettre de porter des projets d’innovation auprès de leurs édiles et ensuite accompagner au niveau de la métropole”, détaille Geoffroy Boulard. Par exemple, le Grand Paris a financé un projet de la ville de Meudon (Hauts-de-Seine) mobilisant l’IA à travers l’installation de capteurs au sein de carrefours pour réduire les émissions de poussière, notamment aux heures de pointe. Jusqu’ici à l’état d’expérimentation, le projet va bientôt être déployé à travers un marché public intercommunal. “Tout l’enjeu est aussi d’évaluer pour ensuite déployer à l’échelle, complète le vice-président de la métropole. Cela a permis aux services de définir un cahier des charges, et un cadre qui soit efficace et qui puisse être étendu à d’autres communes.” 

De nouvelles questions émergent

Un nouveau point d’interrogation émergeant dans les territoires est à souligner : celui de l’empreinte carbone de tous ces projets. Car s’ils visent à accompagner la transition écologique des territoires, il est également nécessaire d’interroger l’impact environnemental de leur propre élaboration et fonctionnement. “L’impact environnemental de l’IA est une question centrale, a notamment souligné Jacques Sainte-Marie, mathématicien et directeur de recherche à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria). Il est en forte croissance mais difficile à quantifier.” En effet, ces projets ont des impacts directs, via la production du matériel, les datacenters et les réseaux, mais également des conséquences plus complexes à mesurer lors de leur déploiement.

Les dirigeants des collectivités veulent placer les questions climatiques et l’IA au centre des enjeux RH

Afin de prendre en compte ce sujet dans les projets qu’elle accompagne, l’équipe de l’appel à projets sur les “Démonstrateurs d’IA frugale” oblige les candidats à utiliser l’outil Green Algorithms (GT) proposé par le MTE, afin d’estimer l’impact environnemental des projets d’intelligence artificielle. À noter que cet outil mesure seulement les conséquences environnementales de l’utilisation effective de l’IA, mais ne prend pas en compte l’impact de la collecte des données, l’étape de production en amont. Cette question fera donc l’objet de nouveaux travaux et réflexions, afin d’interroger le bien-fondé des futurs projets en mesurant leurs bénéficies par rapport à leurs émissions. 

Car comme l’a annoncé Thomas Le Sueur, “cette journée n’est qu’une étape, un point de passage très utile et tout cela va se poursuivre dans la durée”. Le commissaire général au développement durable a d’ailleurs donné rendez-vous à l’ensemble des acteurs les 3 et 4 avril prochains, à Marseille, pour de nouvelles sessions de travail lors du forum des Interconnectés.

ACTEURS PUBLICS : Article publie le vendredi 09 fevrier 2024 & PHILIPPINE RAMOGNINO

 

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