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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

ACTION PUBLIQUE

28 Mars 2023 , Rédigé par FO Services Publics 51

Maître d’ouvrage de projet complexe, un métier à valoriser dans la fonction publique

Le Cercle de la réforme de l’État avance une série de propositions pour renforcer la maîtrise d’ouvrage (MOA) des projets complexes et par là-même “l’efficience de l’action publique” dans le pilotage de ses projets. Le think tank appelle au lancement d’un chantier de valorisation du métier de maître d’ouvrage, tant en termes de carrière que de rémunération.

Réussir les projets complexes est “un enjeu majeur d'efficacité de l'action publique et de cohésion sociale”, affirme le Cercle de la réforme de l’État. Dans une note que dévoile Acteurs publics, le think tank avance une série de propositions pour renforcer la maîtrise d'ouvrage (MOA) des projets complexes et par là-même “l'efficience de l'action publique” dans le pilotage de ses projets. Et il y a urgence, selon le Cercle.

“Face aux défis économiques, écologiques, énergétiques, numériques et de cohésion des territoires, les vastes programmes qui vont être lancés exigent une grande dextérité dans leur pilotage”, souligne ce think tank composé de hauts fonctionnaires et d'universitaires. Charge donc aux responsables publics de ne pas reproduire les erreurs du passé. 

Par le passé, en effet, de nombreux projets n'ont “pas atteint leurs objectifs et se sont avérés déceptifs”, indique le Cercle en évoquant nombre d'“incidences délétères” : dérive des délais et des budgets, fonctionnalités décevantes ou même abandon des projets, non-optimisation de l'allocation des ressources, décrédibilisation de l'action publique et des personnalités incarnant ces projets, démotivation des personnels impliqués dans les projets, mais aussi mécontentement des utilisateurs finaux. Plusieurs exemples sont cités dans la note, comme ceux du Concorde, qui a “coûté 12 fois plus que prévu”, ou de l'EPR de Flamanville, qui en coûte “déjà 6 fois plus”. 

Complexité de pilotage

Pour le Cercle, la réussite des projets complexes en cours et à venir nécessite tout d'abord un pilotage efficace, avec une gouvernance “forte, cohérente et opérationnelle”. Selon le think tank, cette question de la gouvernance est effectivement la “cause majeure des difficultés” dans le pilotage des projets complexes, la faute à une imbrication entre le champ politique et le pilotage opérationnel, “qui obéissent à des logiques et des temporalités distinctes”. 

Malgré cette “spécificité”, est-il écrit dans la note, “un pilotage politique approprié s'avère possible en s'appuyant sur une structuration cohérente et des outils peu utilisés à date, comme le sponsoring”. Sur la structuration du pilotage des projets, le Cercle juge notamment que l'organisation “projet” peut être intégrée dans des opérateurs existants (comme SNCF Réseau pour les transports), mais nécessite parfois la création d'un opérateur dédié, comme ce fut le cas avec la Société du Grand Paris (SGP), créée pour mener à bien le projet du Grand Paris Express. 

Surtout, explique le think tank, l'absence d'opérateur serait “très pénalisante pour mener des opérations complexes dès lors que le projet concerne un ensemble de sites ou de services”. Et d'ajouter que l'instrument juridique de l'établissement public “constitue un atout en raison de sa souplesse par rapport à un service interne de l'administration”. 

Limiter les tutelles ministérielles

Reste une problématique : le positionnement de la maîtrise d'ouvrage des projets complexes au regard de leur rattachement politique et administratif. Certes, certains ministères sont “plus puissants” que d'autres – Bercy l’est par exemple plus que la Culture – en la matière, que ce soit sur le plan interministériel ou sur le plan interne à leur périmètre. “Le caractère interministériel des projets peut donc induire un questionnement sur la pertinence de positionner la MOA dans une mission rattachée à Matignon ou dans un ministère délégué relevant du Premier ministre”, souligne ainsi le Cercle. Mais, développe-t-il, “le caractère fluctuant de la structure ministérielle limite la portée d'une telle solution”. L'urgence avant tout est donc, au yeux du think tank, la “limitation du nombre de tutelles”, ce qui serait, affirme-t-il, “source de simplification et de clarté dans les processus décisionnels”. 

Outre une approche “constructive” et “efficace” des parties prenantes (notamment les élus et les citoyens), le Cercle plaide également pour une plus grande disponibilité des ressources, “pertinentes sur la durée”, de manière à “sécuriser la conduite” des projets complexes. Or aujourd'hui, ces ressources financières et humaines “font parfois défaut”, selon le think tank. 

Sur le plan financier, développe-t-il, la “fluidité” repose sur des “prévisions approfondies, ajustées aux besoins et transparentes” mais également sur une gestion “anticipée des imprévus”, des “recettes si possible dédiées” ou encore un “positionnement de la direction de projet adapté en cas de multiplicité de financeurs” et une “optimisation du choix du cadre réglementaire”. 

Maîtres d‘ouvrage et chefs de projet en mal de reconnaissance
Quant aux ressources humaines, le Cercle relève de “grandes fragilités propres à la sphère publique dans sa capacité à se doter des compétences nécessaires pour piloter les projets dans leur complexité”. Et de pointer des métiers de maître d’ouvrage (MOA) et de chef de projet insuffisamment connus et reconnus, les profils de chef de projet étant par ailleurs “difficiles à trouver et à conserver”. Un constat qui s'inscrit sans surprise dans un contexte global d’efforts d'attractivité et de fidélisation dans la fonction publique. 

Aussi, le think tank avance-t-il une série de propositions en faveur de dispositifs de gestion RH “souples et innovants” pour “disposer des compétences professionnelles adaptées à la conduite des projets complexes”. Pour le Cercle, il faut en particulier “consolider une filière en déshérence”, “notamment depuis l'affaiblissement de l'ingénierie dans des ministères”. Comment? En “favorisant l'interconnaissance” et “la capitalisation des expériences entre chefs de projet publics”, sur le modèle de l'“Institut des MOA” créé entre la RATP, la SNCF et RTE. 

Au-delà, le think tank appelle à engager un chantier de valorisation du métier de MOA de projet complexe au sein de la fonction publique. Et ce “tant dans la construction des parcours et des nominations que sur le plan strictement indiciaire et indemnitaire”. “Il faut aussi élaborer de nouvelles passerelles entre les fonctions publiques et le secteur privé afin de favoriser de véritables parcours de carrière permettant de diversifier les expériences acquises au bénéficie de toutes les parties”, complète le Cercle en critiquant un exercice de mobilités qui “se heurte aujourd'hui à trop de questions de rémunération et de statuts”. 

ACTEURS PUBLICS : article publie le mardi 14 mars 2023 & BASTIEN SCORDIA

 

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