EMPLOI PUBLIC
Le gouvernement dévoile la "marque employeur" des services publics
Face à la réduction de l'attractivité de la fonction publique, l'exécutif recourt à une "marque employeur" et une plateforme web, choisirleservicepublic.gouv.fr. Des outils destinés à valoriser les métiers publics et faciliter l'accès aux nombreuses offres d'emploi du secteur public.
"Choisir le service public". La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a dévoilé le 7 février, en présence de jeunes agents publics réunis à son ministère, la marque employeur de la fonction publique, destinée à attirer et fidéliser les talents. Face aux difficultés de recrutement croissantes que rencontre le secteur public, Amélie de Montchalin a inauguré cet outil qui s'inspire de pratiques en vogue dans le monde des entreprises. S'engager dans la fonction publique, c'est "choisir le sens, choisir l'audace, choisir l'action", promet une campagne de communication voulue par le gouvernement, qui prend notamment la forme d'une vidéo. Celle-ci peut être vue sur la plateforme "choisirleservicepublic.gouv.fr", qui a vocation à devenir la "tête de pont" de la politique d’attractivité dans la fonction publique.
Cette plateforme est destinée à mieux faire connaître les métiers et les concours des trois fonctions publiques (État, collectivités, hôpitaux). Pour le moment, elle répond à cet objectif en présentant sous forme de vidéo quelques témoignages de jeunes ayant choisi de s'engager dans le service public. La plateforme renvoie aussi vers le site des concours et recrutements de l'État (Score). Selon le gouvernement, la fonction publique offrira quelque 100.000 postes par concours, en 2022. La plateforme va encore s'enrichir : d'ici la fin du premier semestre, elle réunira toutes les campagnes de recrutement du service public.
45.000 offres d'emploi
Par ailleurs, les candidats à un emploi public ont accès à quelque 45.000 offres d'emploi du secteur public. En cliquant sur "Je recherche un emploi", ils sont en effet dirigés vers la Place de l'emploi public. Ce portail regroupe une part importante des offres d'emploi de la fonction publique. A l'approche de son troisième anniversaire, il a été relooké et enrichi de nouveaux contenus. Ainsi, selon le ministère en charge de la fonction publique, les employeurs peuvent y bénéficier d’un "espace de communication", afin de promouvoir leur structure.
Le gouvernement n'entend pas initier un "grand plan de recrutements supplémentaires", mais "une réponse à un risque de pénurie de talents et de compétences nouvelles", a déclaré Amélie de Montchalin au cours d'une intervention retransmise sur les réseaux sociaux. "Notre fonction publique, aujourd’hui, n’attire plus assez", a-t-elle alerté. En rappelant par exemple que seulement un jeune sur dix se dit intéressé par les métiers du service public. À deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, la ministre a pointé la responsabilité de certains politiques, y compris récemment. L'enjeu n'est pas de "supprimer 200.000" postes de fonctionnaires, comme l'ont proposé certains, mais de "recruter 100.000 personnes par an", a-t-elle lancé. En revenant assez longuement sur un certain nombre d'actions menées par le gouvernement, qui ont concouru selon elle à améliorer les conditions de travail des agents et l'attractivité de la fonction publique. Y compris les mesures salariales pour diverses catégories d'agents.
Négociation salariale
Sur ce sujet de la rémunération des personnels, elle en a dit un peu plus dans une interview à l'AFP. Les travaux de la conférence sur les perspectives salariales, mise en place en septembre dernier, déboucheront d'ici fin février-début mars sur "un diagnostic sur ce qu'il faut garder et ce qu'il faut changer", a-t-elle confirmé. En cas de réélection d'Emmanuel Macron au mois d'avril prochain, la majorité pourrait alors "ouvrir une négociation sur la manière de construire un cadre salarial adapté au XXIe siècle, à nos enjeux de recrutement et de fidélisation".
"Le noyau de l’attractivité reste la rémunération", soulignait la mission sur l'attractivité de la fonction publique territoriale dans le rapport qu'elle a remis le 3 février. Cette mission pilotée notamment par le président du conseil supérieur de la fonction publique territoriale, Philippe Laurent, juge nécessaire de "revoir toutes les grilles et toutes les catégories".
LOCALTIS : Article publié le mardi 08 février 2022 & Thomas Beurey / Projets publics
Le Sénat va évaluer la réforme des services déconcentrés
Mis en place il y a un an tout juste, les secrétariats généraux communs aux préfectures et aux directions départementales interministérielles (DDI) sont au menu du programme de contrôle de la commission des finances du Sénat pour 2022. Ce volet de la réforme de l’organisation territoriale de l’État a pâti de plusieurs difficultés.
Une bougie et toujours plusieurs difficultés pour les secrétariats généraux communs (SGC) aux préfectures et aux directions départementales interministérielles (DDI). Alors que les SGC ont été mis en place il y a tout juste un an, le Sénat a déjà décidé de se pencher sur cet important volet de la réforme de l’organisation territoriale de l’État décidé par l’exécutif. Ce sujet fait en effet partie du programme de contrôle 2022 de la commission sénatoriale des finances, qui vient d’être arrêté.. Un contrôle qui sera mené par la sénatrice socialiste de la Haute-Vienne Isabelle Briquet, par ailleurs rapporteure, au nom de cette commission, des crédits de la mission “Administration générale et territoriale de l’État”.
Actée le 1er janvier 2021, après un report de six mois en raison de la crise sanitaire, la fusion des secrétariats généraux “est passée un peu sous les radars alors que cette réforme est très importante s’agissant de la manière de fonctionner des services de l’État dans les territoires”, explique Isabelle Briquet à Acteurs publics. La restitution de ses travaux est attendue pour le mois de juin.
“Si des vertus peuvent être trouvées à la mutualisation, encore faut-il qu’elle soit bien accompagnée et, dans le cas présent des SGC, quelques lacunes ont pu être observées”, ajoute-t-elle. La parlementaire fait ainsi référence aux “irritants” déjà identifiés par le ministère de l’Intérieur s’agissant de la mise en œuvre de ces secrétariats généraux communs départementaux : difficultés de la gestion “multisites”, manque d’homogénéisation des systèmes informatiques et des outils de gestion, difficultés des préfectures à considérer les SGC comme un service déconcentré à vocation interministérielle.
“Un peu de précipitation”
“Tout n’est pas un long fleuve tranquille”, avait d’ailleurs confirmé, en octobre dernier, Christophe Mirmand, le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du département des Bouches-du-Rhône. La Place Beauvau a, depuis, voulu rectifier le tir en instituant à l’automne dernier un “plan d’action et de soutien” pour “répondre aux principaux irritants” recensés dans les SGC depuis leur création, le 1er janvier 2021.
Le plan de l’Intérieur pour remédier aux difficultés de la réforme des services déconcentrés
“Que le ministère de l’Intérieur évoque de lui-même des irritants n’a rien d’anodin, souligne Isabelle Briquet. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, or, s’agissant des SGC, il semble y avoir eu un peu de précipitation.” Un constat partagé par les syndicats des services déconcentrés, pour qui les difficultés observées sont bel et bien le fruit de la “précipitation” avec laquelle les SGC ont été mis en place. Rien de surprenant dans cette réaction, en ce que ces organisations syndicales s’étaient toutes d’emblée opposées à la création de ces secrétariats et pointent toujours un certain malaise chez les agents concernés par cette réforme.
Outre un focus sur la manière dont ces agents des services déconcentrés ont pu être impactés, le contrôle lancé par le Sénat visera “à évaluer l’efficience réelle” de la réforme qui est, selon l’exécutif, censée améliorer l’action de l’État au niveau déconcentré notamment, donc, par la mutualisation de ses fonctions support. “Il faut déterminer si la mise en place des SGC a vraiment été porteuse et a permis l’action publique sur le terrain ou s’il s’agit, comme cela a déjà pu être le cas, de simples changements d’intitulés avec des regroupements manquant de cohérence”, souligne Isabelle Briquet.
Baisse drastique des effectifs en dix ans
Au-delà, son contrôle sur les SGC sera plus globalement l’occasion pour la parlementaire de revenir sur les réformes successives de l’administration territoriale de l’État.
Une administration particulièrement “fragilisée” au cours des dernières années, avaient expliqué les corps d’inspection dans un rapport de 2019 préparatoire à la mise en œuvre des secrétariats généraux communs. Ils y évoquaient notamment la réduction des moyens des DDI et en particulier de leurs effectifs. Selon le dernier bilan social de ces directions, les effectifs physiques des DDI ont baissé de 4,4 % en 2019 et de près de 30 % depuis leur création, au début des années 2010.
Une nouvelle baisse d’effectifs observée dans les services déconcentrés de l’État
“Ce n’est plus possible, on est allé trop loin, c’est bien beau de réduire les effectifs, mais les remplacer par de l’informatisation ne règlera pas tout, il faut de la présence et des compétences sur le territoire, c’est un rempart pour éviter la fracture de la société”, affirme Isabelle Briquet, qui salue néanmoins le réarmement de l’État territorial décidé par le gouvernement : “Cela montre bien la nécessité de remettre des forces sur le terrain, trop de postes ont été ôtés dans les territoires au cours des dernières années.”
acteurs publics : ARTICLE PUBLIE LE MARDI 08 FEVRIER 2022 & BASTIEN SCORDIA