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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

INNOVATION NUMERIQUE

4 Avril 2022 , Rédigé par FO Services Publics 51

9 projets citoyens pour réinventer la notion de service d’intérêt général

L’Accélérateur d’initiatives citoyennes, créé en janvier, a sélectionné les 9 premiers projets citoyens qui pourront bénéficier d’un appui métier, technique et méthodologique des administrations pour faire émerger de nouveaux services d’intérêt général et, comme l’affirme la minstre de la Transformation publique, Amélie de Montchalin, “repousser les frontières de ce qu’est le service public”.

Réinsertion des détenus, sensibilisation au fonctionnement des institutions, promotion du sport pour les enfants handicapés, alimentation d’une encyclopédie collaborative par et pour les 8-13 ans… Deux mois, 200 candidatures et une délibération citoyenne plus tard, on connaît désormais la liste des premiers projets d’intérêt général que l’État accompagnera pendant trois mois au sein de son tout nouvel nouvel Accélérateur d’initiatives citoyennes.

Ce dispositif, annoncé par Emmanuel Macron lors du sommet du partenariat pour un gouvernement ouvert de décembre dernier, a été créé en janvier pour tirer les leçons de la crise sanitaire et de l’incroyable créativité et de la mobilisation de citoyens pour imaginer et développer, souvent en un temps record, des services utiles voire indispensables à la population, comme CovidTracker et ViteMaDose. Bien qu’elles se soient appuyées sur des ressources publiques, et notamment sur les données en open data sur le Covid, les initiatives nées pendant la crise se sont faites le plus souvent sans l’État, voire contre lui.

 

L’héritage du “Hackathon Covid” passé à la loupe

Un premier “hackathon Covid” avait finalement été organisé en avril 2021 pour permettre à ces deux mondes, l’administration et la société civile, de mieux se parler et de coopérer, avant d’institutionnaliser cette collaboration au sein, donc, d’un Accélérateur d’initiatives citoyennes piloté par le département Etalab de la DSI de l'Etat en lien avec la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), en charge de son côté de la politique de gouvernement ouvert. 

“Nous croyons fermement au rôle essentiel des initiatives des citoyens, qu’ils soient individuels ou réunis en collectifs, associations ou entreprises”, a expliqué la ministre de la Transformation publique, Amélie de Montchalin, lors de la présentation de la première vague de lauréats, lundi 14 mars 

 “Il nous faut aujourd’hui, et encore plus au sortir de la crise sanitaire, renforcer les ponts entre l’administration, qui connaît la chose publique, et les citoyens et collectifs contribuant au bien commun grâce à leurs idées, et à leur volonté de résoudre des problèmes auxquels nous faisons face”, a-t-elle ajouté. 

Jury de 15 citoyens 

La ministre entend éviter 3 écueils, souvent rencontrés lorsque l’administration se mêle des projets extérieurs à l’État. L’administration cherche soit à “absorber les initiatives et phagocyter ces projets au point qu’ils en perdent leur caractère citoyen”, soit à tout faire pour freiner l’initiative, qu’elle voit comme de la concurrence, ou bien “elle leur est simplement indifférente et les considère comme étant parallèles ou inexistantes”. Pour cela, l’accélérateur devra tout faire, non pas pour s’approprier, stopper ou ignorer les initiatives citoyennes, mais accompagner leur développement pour, affirme la ministre “repousser les frontières de ce qu’est le service public et inventer de nouveaux modes d’action” et de partenariat. 

 

La recette du gouvernement pour associer les citoyens à l’action publique

Pour départager les idées selon qu’elles relèvent ou non de l’intérêt général, l’accélérateur a fait appel à un jury de 15 citoyens tirés au sort. Ils ont eu deux jours, fin janvier, pour examiner les presque 200 dossiers de candidature déposés en un mois seulement. “Cela a été une expérience très intense avec tous types de projets, de la petite feuille simple avec une idée super mais pas très développée, à la très grosse idée très avancée pour laquelle on se demandait bien pourquoi elle avait besoin du soutien de l’administration”, a résumé Nathalie, l’une des citoyennes tirées au sort. Une évaluation plus technico-administrative s’en est suivie pour sélectionner les projets les plus sérieux et matures, et ayant une chance de trouver des relais au sein de l’administration.  

9 lauréats

Au total, 9 premiers projets à dominante numérique vont donc pouvoir bénéficier d’un appui personnalisé de trois mois, que ce soit pour leur ouvrir des portes d’administrations et leur apporter une expertise métier et juridique, ou des ressources techniques jusqu’ici inaccessibles (données, API, codes sources logiciels…), ainsi qu’un accompagnement en ingénierie de projets, pour les mener à bien, trouver les bons financements, etc. 

Tout dépend en effet de la nature du projet et de son niveau de maturité. La plate-forme de demande d’accès aux documents administratifs, Madada, en ligne depuis deux ans déjà, mise par exemple sur le programme d’accélération pour renforcer sa collaboration technique avec les administrations en première ligne (Dinum, Cnil, Cada), mieux valoriser le droit d’accès auprès des administrations et des citoyens et le service rendu par Madada, et trouver des sources de financement pour les trois prochaines années.

De son côté, le projet Open Data University espère pouvoir trouver les bons relais pour distiller dans un maximum d’établissements d’enseignement supérieur des formations aux enjeux du numérique et de la donnée, pour sensibiliser les étudiants à leur réutilisation et, pourquoi pas, susciter de nouvelles initiatives citoyennes. L’association MakeSense veut, elle, se brancher aux API de l’État et des associations pour mieux cibler territorialement son programme “réaction” d’accompagnement à l’engagement des jeunes et l’intégrer directement au service national universel.

Olivier Jaspart : “L’accélérateur d’initiatives, aboutissement de l’ubérisation ou mise en commun de l’action publique ?”

Au terme des trois mois, les 9 projets devront passer devant un “comité d’engagement” constitué de sponsors publics et privés chargés d’évaluer leur progression et susceptibles de leur apporter une aide au déploiement plus pérenne. Les 190 autres projets non retenus pourront quant à eux bénéficier de coups de pouce plus spécifiques et présentés lors de 3 événements organisés autour des 3 champs de politiques publiques ayant concentré l’essentiel des candidatures : les solidarités et la santé, l’éducation et la jeunesse, et la transition écologique. Une seconde vague de projets est d’ores et déjà prévue pour le mois de juin. 

ACTEURS PUBLICS : article publie le mardi 15 mars 2022 & EMILE MARZOLF

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