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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

REALITE VIRTUELLE

4 Novembre 2022 , Rédigé par FO Services Publics 51

Comment les métaverses vont bousculer l'action publique

Une mission exploratoire sur les métaverses propose de confier à la puissance publique l’organisation de services socles communs, dans la logique de l’État plate-forme. 

Elle assume sa dimension “exploratoire”. La mission dépêchée par les ministres de l’Économie, de la Culture et du Numérique en février dernier a remis ses analyses sur les développements des métaverses. Ces mondes virtuels immersifs appelés à se démocratiser à mesure que les connexions internet vont croissant, et les technologies d’immersion s’affinent. Mais que peut bien avoir le secteur public à faire avec ces mondes virtuels sur lesquels les géants du numérique, et notamment le patron de Facebook Mark Zuckerberg, ont jeté leur dévolu ? D’abord, le Métavers pourrait bien transformer nos interactions sociales, les industries créatives et culturelles et l’économie en général, comme l’ont déjà fait les réseaux sociaux depuis 15 ans. Autant de sujets sur lesquels la puissance publique ne saurait rester indifférente, que ce soit pour accompagner ces développements ou pour anticiper et prévenir leurs effets néfastes par une régulation adaptée. 

Les auteurs du rapport se sont également penchés sur le rôle que pourrait jouer l’État et la puissance publique dans le développement de ces métaverses. Plutôt que de créer un “métavers souverain” comme certains le proposent déjà, les rapporteurs préconisent de pousser la logique de l’État plate-forme jusqu’aux métaverses. “Au-delà de la participation à l’élaboration de standards ouverts, il semble souhaitable que la puissance publique s’attelle à faire émerger les services communs et essentiels permettant l’avènement d’une pluralité́ de métaverses interopérables”, peut-on lire dans le rapport.

Autrement dit, la mission recommande au secteur public de s’en tenir à constituer des briques technologiques ouvertes, de confiance et gratuites, plutôt que de développer directement des services dans le Métavers, comme le ferait une entreprise.

Une plate-forme “métavers” pour faciliter l’accès aux services publics à Séoul

Il peut s’agir d’une brique d’identification comme France-Connect, permettant de garantir l’identité des internautes, ou de la mise à disposition de jeux de données. "II semble judicieux d’encourager les efforts d’institutions comme l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) qui produit et met à disposition des jeux de données géographiques ouverts et prometteurs pour de futures applications immersives, ou de travailler sur le futur d’un service d’identification interopérable de confiance (par exemple fondé sur des identités sécurisées décentralisées), plutôt que de développer des applications permettant aux usagers d’effectuer leurs démarches administratives dans des mondes immersifs”. C’est ce que prévoit déjà de faire la capitale sud-coréenne Séoul, toujours en pointe en matière de technologie. Mais cette stratégie serait selon la mission inadaptée à la France, où la fracture numérique complique déjà la réalisation des démarches en ligne. 

Régulation

Du reste, la mission émet un certain nombre de recommandations pour doter la France des bonnes capacités de recherche et développement, à travers le financement de recherches ciblées sur les enjeux éthiques et sociétaux des métaverses, et la création, par exemple, d’un Institut de recherche et coordination sur les technologies et arts immersifs, inspiré de l’Ircam.

Les rapporteurs encouragent également les pouvoirs publics à explorer sans attendre les métaverses, pour en comprendre les rouages et technologies afin d’être capables d’en “orchestrer la régulation”. Cela passe, d’abord, par le lancement d’un travail d’adaptation des réglementations en vigueur ou en passe de l’être.

À commencer par le règlement général sur la protection des données, le Digital Services Act (régulation des contenus diffusés sur les plates-formes numériques) et le Digital Markets Act (régulation des pratiques anticoncurrentielles des plates-formes). Et ce notamment pour prendre davantage en compte les technologies d’analyse des émotions, ou d’analyse des données mentales.

Un rapport parlementaire envisage la création d’une cryptomonnaie d’État

La mission s’inquiète enfin des comportements malveillants voire criminels que l’on connaît déjà sur les réseaux sociaux, et de la “privatisation des outils d’enquête et des procédures de justice”. Le recueil des preuves d’infractions sera-t-il possible ? Ces preuves seront-elles orales ou écrites, enregistrées ou non ? Sans attendre d’avoir la réponse à ces questions, les rapporteurs invitent l’État à se doter de ses propres outils et techniques d’analyse pour détecter les infractions et remonter jusqu’à leurs auteurs, mais aussi à percevoir l’impôt dans un monde où les monnaies numériques seront légion. “En effet, à défaut de connaître la nature et le montant des opérations réalisées en cryptomonnaies, ainsi que l’identité des agents économiques, les taux et les assiettes des impôts ne pourront être correctement déterminés par l’État français”. Le Métavers n’est peut-être pas encore une réalité, mais il pose, on le voit déjà, de nombreuses questions qui pousseront les acteurs publics à se réinventer, eux-aussi.  

ACTEURS PUBLICS : article publie le mardi 25 octobre 2022 & EMILE MARZOLF

 

 

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