ORGANISATION DU TRAVAIL

5 Juillet 2022 , Rédigé par FO Services Publics 51

Organiser le travail à distance :

Le salut est dans la charte

La direction interministérielle de la transformation publique a organisé, ce mercredi 15 juin, un webinaire autour du thème “Travailler à distance, développer les liens et l’efficacité”. L’occasion pour quelques grands témoins d’exposer leurs édifiants retours d’expérience.

De nombreuses administrations ont fait leurs débuts en matière de travail à distance avec la crise sanitaire et le confinement, soit à travers du télétravail dit contraint ou dégradé. Il a donc été nécessaire pour la plupart des collectifs de travailler sur cette thématique afin de fixer les règles, notamment par l’élaboration de chartes ad hoc. C’est, par exemple, le travail qui a été mené au sein de la direction régionale de l’économie, du travail et des solidarités (Dreets) du Centre-Val de Loire. “Avant de procéder à l’élaboration d’une charte, nous avons eu besoin de définir une méthode avec l’aide d’un cabinet de coaching”, a précisé Alain Lagarde, son secrétaire général, dans le cadre d’un webinaire autour du travail à distance, organisé ce mercredi 15 juin par la direction interministérielle de la transformation publique (DITP).

Pôle emploi pousse à l’expérimentation pour optimiser le télétravail

Alors que le mois de mars 2020 a vu naître le recours massif au télétravail, au moment du retour au bureau, les agents aspiraient à installer le travail à distance comme nouveau mode d’organisation. “Il était important de répondre à cette aspiration, précise Alain Lagarde. C’était aussi un moyen de poser le cadre pour aborder un retour à la normale à l’issue du confinement.”

La démarche a été amorcée avec une première réunion restreinte pour définir les grands enjeux qui se posaient autour de cette transformation. La décision a été prise de mettre en place un groupe de travail pilote interdisciplinaire et trans-hiérarchique pour que l’ensemble de la structure soit représenté.

“L’enjeu de ce groupe était d’être le plus représentatif possible, expose Alain Lagarde. Il était aussi essentiel de faire en sorte que ses membres soient les promoteurs de la démarche vis-à-vis de leurs collègues.”

Une fois la méthode validée par le comité de direction, le collectif est alors passé à l’élaboration du document, sans oublier d’échanger dans le même temps avec les représentants du personnel. Pour l’élaboration de la charte en elle-même, le groupe de travail s’est appuyé sur différents retours d’expérience afin de percevoir ce qui avait bien fonctionné, mais aussi les difficultés éprouvées par les agents dans le cadre du travail à distance. “La première étape a été d’établir le sommaire du texte, précise Alain Lagarde. Si cela peut sembler anecdotique, cela nous a permis de reprendre tous les points que l’on souhaitait voir apparaître dans le texte et ainsi d’établir un fil conducteur.”

Réalité quotidienne du télétravail

La rédaction de la charte a ensuite été confiée à différents binômes chargés de se pencher sur un ou plusieurs articles. Articles qui ont ensuite été soumis au reste du groupe pour préciser certains points si nécessaire ou encore simplifier certaines formulations. Une fois le document finalisé, il a ensuite été présenté au comité de direction. Tous les points ont été détaillés mais finalement, de l’aveu du secrétaire général de la Dreets Centre-Val de Loire, peu de modifications ont été apportées.

“Nous avons même réalisé que, parfois, le groupe de travail avait été trop restrictif, par exemple en ce qui concerne la possibilité pour les nouveaux arrivants de télétravailler”, a détaillé Alain Lagarde. Par la suite, des discussions se sont également tenues avec les représentants du personnel qui n’ont pas remis en cause le fond de la charte, qui a également été bien admise par l’ensemble des agents. Son point fort ? Être le fruit d’un travail collectif qui répondait bien à leurs questionnements et à la réalité quotidienne en matière de travail à distance. “La charte a facilité l’appropriation des règles du travail à distance par le collectif de travail”, assure Alain Lagarde.

L’Etap, un tiers-lieu pour accompagner la transformation managériale

Au sein de la Dreets de Bourgogne-Franche-Comté, les travaux ont porté sur l’élaboration d’un cadre de travail partagé en mode hybride de manière plus globale. “À l’issue de la réforme territoriale de 2016, notre enjeu était de garder deux sites opérationnels à Dijon et Besançon à la fois pour les personnels et aussi pour le maintien des compétences”, a rappelé en préambule Jean Ribeil, son directeur. Les réflexions sur le travail à distance ont donc commencé à ce moment-là avec l’apparition de premiers problèmes d’ordre technique, notamment en matière de bande passante.

Formation du management intermédiaire

Pour autant, c’est également au moment du premier confinement, au début de l’année 2020, qu’une réflexion de fond autour du télétravail a été impulsée, avec une seule question en ligne de mire : “Comment faire pour organiser le télétravail et pouvoir le proposer à l’ensemble des agents ?”

Pour démarrer, des investissements techniques ont été consentis, tandis que le management intermédiaire a été formé à la gestion et à l’animation des équipes à distance. Si 2020 et la crise sanitaire ont été l’opportunité d’accélérer sur ces sujets autant au niveau du déploiement numérique que de l’organisation, “au début du confinement, il a fallu expliquer aux collaborateurs comment participer à une visioconférence, rappelle Jean Ribeil. Ce n’était pas du tout ancré dans les habitudes.” La collectivité a donc également bénéficié de l’appui d’un cabinet de coaching spécialisé pour l’accompagner dans cette démarche.

Un facteur de paix sociale

“Il fallait changer de logiciel, assure Jean Ribeil, définir de nouveaux modes d’organisation avec des moments en présentiel et d’autres en distanciel.” À l’été 2020, les premiers retours d’expérience en matière de télétravail sont remontés, ce qui a permis à la Dreets de réfléchir à l’élaboration d’une nouvelle organisation du travail sur un mode participatif.

D’autant que les premiers témoignages ont même démontré que le télétravail constituait un facteur de paix sociale, faisant en sorte qu’il y ait moins de confits entre collègues en recentrant toute la relation au travail sur le travail, justement.

Un comité de direction portant sur ce projet de réorganisation du travail a été l’occasion de rassurer et d’échanger sur les points essentiels, mais aussi de fixer des limites. “Télétravailler 5 jours par semaine, par exemple, n’est pas permis, souligne Jean Ribeil. La volonté du comité de direction était de sublimer les moments en présentiel tout en permettant aux collaborateurs de travailler à distance. “

L’objectif, dans l’élaboration de cette nouvelle organisation était également de placer la décision au plus près du terrain et de l’opérationnel pour répondre de la manière la plus juste aux attentes des agents. Un dialogue a aussi été mené avec les organisations syndicales pour aboutir à la rédaction d’une charte de télétravail “plutôt classique, mais nécessaire”.

ACTEURS PUBLICS : article publie le mercredi 15 juin 2022 & MARIE MALATERRE

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