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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

NUMERIQUE

1 Juillet 2023 , Rédigé par FO Services Publics 51

Sondage exclusif : près de 2 acteurs publics sur 3 méconnaissent la doctrine de l’État sur le “cloud”

À l’occasion du salon VivaTech, Acteurs publics a interrogé, avec l’Ifop, les responsables publics sur leur compréhension et leur utilisation du cloud computing, en lien avec la nouvelle doctrine “Cloud au centre”, qui vise à la fois à généraliser le cloud dans les administrations de l’État et à encadrer son usage pour les données les plus sensibles. Une doctrine encore trop méconnue, également freinée par un manque de compétences.

Deux ans après son lancement, les acteurs publics se sont-ils vraiment emparés de la doctrine “Cloud au centre” de l’État ? Ont-ils fait de cette technologie clé de la transformation numérique des organisations une condition essentielle de tout projet numérique ? Il semblerait que non.

À l’occasion de l’édition 2023 du salon VivaTech, qui se tient à Paris jusqu’au 17 juin, l’Ifop a posé, en exclusivité pour Acteurs publics, la question aux principaux concernés, et 62 % des répondants ont assuré ne pas même avoir connaissance de l’existence de cette doctrine, établie par voie de circulaire en juillet 2021 par le Premier ministre de l’époque, Jean Castex 
[lire l’intégralité de cette enquête].

Rythme d’adoption lent

Trois ans après une première doctrine qui visait d’abord à encadrer l’usage du cloud, comme son nom l’indique, la nouvelle doctrine “Cloud au centre” impose aux administrations de recourir au cloud. Pour autant, le rythme d’adoption est visiblement lent : 42 % des agents interrogés disent ne pas voir dans le cloud un moyen “d’accélérer et de réussir la transformation des services publics pour assurer de meilleurs services aux citoyens” et davantage de répondants (38 %) disent avoir continué leurs projets numériques “indépendamment de la nouvelle doctrine”, qu’il n’y en a affirmant avoir accéléré leurs projets de migration vers le cloud. Ils sont même 16 % à déclarer avoir “marqué une pause en réaction aux nouvelles contraintes”. Les résultats doivent néanmoins être pris avec prudence, tous les répondants n’étant pas concernés directement par la doctrine “Cloud au centre”. 

L’État affine sa doctrine “cloud” pour sortir du flou sur la définition des données sensibles

Un bon connaisseur de la transformation cloud de l’État voit dans les résultats de cette enquête la confirmation d’une certaine “inertie” des administrations. Malgré l’impulsion donnée par la doctrine, qui impose même une obligation de recours au cloud, celui-ci constate une adoption très timide des technologies idoines.

Invité d’Acteurs publics TV à VivaTech, l’ancien directeur général de l’Anssi, Guillaume Poupard, aujourd’hui directeur général adjoint de Docaposte, une filière de La Poste spécialisée dans les services numériques sécurisés, a d’ailleurs estimé que les entités publiques étaient encore aujourd’hui trop réticentes à troquer leurs bonnes vieilles infrastructures techniques pour des infrastructures cloud, notamment à cause de leurs craintes sur la sécurité des données – c’est pourtant le premier atout du cloud cité par les répondants, à 52 % – et de leur manque de visibilité sur l’avenir : les solutions cloud qu’ils adoptent seront-elles toujours autorisées dans trois, cinq ou dix ans ?

Actualisation sur les données sensibles

Une inquiétude qui avait en partie justifié l’actualisation de la doctrine, intervenue au beau milieu de cette enquête d’Acteurs publics, réalisée du 26 mai au 9 juin. Cette mise à jour visait à préciser le champ des données dites “sensibles” et donc concernées par des mesures de sécurité supplémentaires afin, justement, d’écarter le risque juridique. À ce titre, 62 % des répondants disent ne pas disposer d’éléments d’appréciation suffisants pour déterminer la sensibilité de leurs données et donc adopter les solutions cloud adaptées.

Au sujet des solutions labellisées “SecNumCloud”, les plus sécurisées, près de la moitié des répondants déclarent ne pas savoir quelle part de leurs besoins nécessite un tel niveau de sécurité, et 15 % disent avoir besoin de ce type de solution pour 25 à 50 % de leurs besoins. Mais les réponses se répartissent ensuite de manière très équitable entre les 5 autres options (qui vont de 10 à 100 % des besoins nécessitant une offre SecNumCloud). 

Freins persistants

Dans un entretien accordé à Acteurs publicsfin 2022, le responsable de la mission “Cloud” de l’État, Vincent Coudrin, insistait sur l’importance de la conduite du changement. “Le retour d’expérience unanime des administrations qui se lancent dans le cloud, c’est que le défi n’est pas uniquement technique, mais aussi, et avant tout, culturel”, affirmait-il. Il ne suffit donc pas de disposer de solutions du marché ou de l’État, mais aussi de former ses équipes au nouveau mode d’organisation, en mode produits, en rapprochant les équipes chargées du développement informatique et celles chargées de l’exploitation et des infrastructures (devops).

Vincent Coudrin : “L’adoption du « cloud » par les administrations est un défi culturel”

L’enquête confirme ces observations, puisque le principal facteur d’accélération de l’adoption du cloud au sein des administrations cité par les répondants est bien le “développement de compétences internes par la formation des équipes” (27 %). Il se place loin devant d’autres considérations, comme l’augmentation des budgets, les coûts de migration, l’élargissement de l’offre de solutions qualifiées SecNumCloud par l’Anssi, ou encore l’assurance de la réversibilité, c’est-à-dire la capacité à changer de fournisseur de cloud sans difficultés. D’ailleurs, les trois quarts des répondants déclarent ne pas être suffisamment accompagnés par les intégrateurs de technologies cloud pour réussir leur migration.

ACTEURS PUBLICS : article publie le jeudi 15 juin 2023 & EMILE MARZOLF

L’enquête Acteurs publics a été menée par l’Ifop auprès d’un échantillon de 294 agents publics. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 26 mai au 9 juin 2023.

 

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