SUIVI INDIVIDUALISE
Le suivi individualisé, point noir de la gestion des cadres supérieurs de la fonction publique
Acteurs publics s’est procuré le premier bilan de la mise en œuvre des lignes directrices de gestion interministérielle (LDGI) des cadres supérieurs de l’État. Si des chantiers sont “en bonne voie”, plusieurs “points de progrès” sont identifiés par la “super-DRH” de l’État, la Diese. “Le suivi individuel des cadres est encore partiel et assez peu proactif”, souligne notamment la délégation interministérielle, qui propose plusieurs pistes d’amélioration.
La stratégie RH des cadres supérieurs de l’État peut encore être améliorée. Acteurs publics s'est procuré le premier bilan de la mise en œuvre des lignes directrices de gestion interministérielle (LDGI), établies en 2022 par la nouvelle “super-DRH” des cadres supérieurs de l’État, la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État (Diese). Un bilan qui fait état de “chantiers en bonne voie”, mais aussi de plusieurs “points de progrès” possibles.
Prévues par l'ordonnance de juin 2021 de réforme de la haute fonction publique, ces lignes directrices visaient à impulser de nouvelles pratiques RH plus transversales entre les ministères. “Elles établissent un socle commun de la politique des ressources humaines applicable à l'encadrement supérieur de l’État”, rappelle la Diese dans son bilan, qui sera présenté le 28 juin aux syndicats de la fonction publique d’État.
La stratégie RH de l’État pour ses cadres supérieurs dans les prochaines années
Ces LDGI ont déterminé la stratégie pluriannuelle de pilotage RH de ces cadres en donnant des orientations générales en matière de recrutement, de mobilité, de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), de promotion, d'évaluation, de formation, mais aussi d'accompagnement individualisé des parcours au travers d'une série de dispositifs de suivi : entretiens avec des conseillers, formation à la recherche de postes, missions mobilité, valorisation de l'expertise… Charge ensuite aux ministères de les décliner et de les mettre en œuvre grâce aux délégations à l'encadrement supérieur (DES) qu'ils ont mises en place.
Suivi individuel partiel et dispositifs mal connus
Certes, dans son document, la Diese met en avant plusieurs “bons points”, comme le “positionnement” de ces délégations et délégués interministériels et leur “insertion dans leur écosystème”, l’institution d'évaluations collégiales des cadres (de type 360°) ou encore la “structuration” des revues de cadres, l'identification de “viviers” et la mise en place de programmes de formation des cadres et notamment des “talents” en vue de l’accès aux emplois de direction.
Le bât blesse en revanche sur la "complétude" et la "visibilité" de l'offre de service à la disposition des cadres pour être accompagnés dans leurs parcours. “Le suivi individuel des cadres est encore partiel, assez peu proactif” et “le détail des dispositifs est encore mal connu”, souligne la Diese.
Autres "points de progrès" identifiés par la Diese : la "montée en compétence des équipes renforcées" des délégations à l'encadrement supérieur, qui sont en cours de recrutement dans les ministères, mais aussi les outils numériques de gestion et de suivi des cadres supérieurs de l'État. Sur ce dernier point, explique la délégation interministérielle, "beaucoup d'information se perd ou est dépendante de la mémoire des conseillers". Les bases de données, par ailleurs, sont "peu utilisées" et "peu ou mal renseignées".
Accompagnement renforcé des délégués ministériels
Quant à l'équilibre entre le court et le long termes, la “mue” vers le nouveau système est encore “en cours”, dans l'attente du déploiement d'effectifs supplémentaires prévu cette année, indique la Diese. L'occasion pour cette dernière de pointer du doigt des délégations et délégués interministériels qui restent “encore trop focalisés sur leurs missions classiques”, comme la préparation des nominations sur des emplois fonctionnels et l'accompagnement des cadres “au quotidien”. Ceux-ci, détaille ainsi la "super-DRH", “peuvent rencontrer des difficultés pour dégager du temps pour la conception, la mise en place et le suivi des nouveaux dispositifs” mis à la disposition des cadres supérieurs de l'État.
Stratégie RH : les cadres supérieurs de l’État appelés à s’investir
La Diese profite de ce premier bilan des lignes directrices de gestion pour dégager plusieurs pistes d'amélioration possibles pour les mois à venir, des “pistes d'action”, y est-il écrit. La Diese promet ainsi de mieux accompagner les délégués ministériels sur la conduite des projets, notamment par la constitution de groupes de travail thématiques “pour avancer en format plus léger sur les chantiers” en cours et “proposer ensuite au collectif dans une logique de renforcement en matière de pilotage des projets”.
Fusion des outils de suivi des cadres
Une “professionnalisation” des délégués ministériels est également attendue avec le déploiement, en cours, d'un plan de formation et la mise en place à venir de “séances de codéveloppement” entre délégués.
S'agissant des outils numériques de suivi et de gestion des cadres, la Diese annonce la fusion prochaine du Système d'information des cadres dirigeants (SICD) et de l'application “Vinci” (pour “vivier interministériel des cadres supérieurs de l'État”). Des travaux sont effectivement en cours pour étendre cet outil Vinci “au-delà du périmètre initialement prévu” des administrateurs de l'État et de l'administration et donc pour le fusionner avec le SICD.
“L'intérêt de l'outil Vinci semble reconnu mais il demeure en l'état trop peu alimenté par les cadres pour être utilisé avec pertinence”, explique en effet la Diese, selon laquelle son ouverture au-delà du nouveau corps interministériel des administrateurs de l'État serait “une des clés de réussite”. Pour remédier aux difficultés actuelles de remontée d'informations, la délégation interministérielle avance même l'idée de conditionner l'accès “à certains éléments de l'offre de service” au “remplissage par le cadre de sa fiche" sur l'application Vinci. Un principe qui “fait son chemin”, affirme la Diese.
ACTEURS PUBLICS : article publié le jeudi 22 juin 2023 & BASTIEN SCORDIA