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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

ADMINISTRATIF

8 Novembre 2023 , Rédigé par FO Services Publics 51

Entre le “pack Office” et les logiciels libres, les positions contrastées des agents publics

La consultation en ligne “Fonction publique+”, à laquelle plus de 110 000 agents ont contribué, a donné lieu à une passe d’armes sur la question, toujours sensible, des outils numériques de travail, entre d’un côté, les promoteurs des logiciels libres, et de l’autre, ceux qui préfèrent les outils déjà éprouvés des géants du numérique.

Le débat est clos. Un peu plus de trois mois après son ouverture, la consultation en ligne auprès des agents publics lancée par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques s’est achevée début octobre. L’ensemble des agents de la fonction publique d’État étaient invités à répondre à un questionnaire sur leurs conditions de travail et à déposer leurs idées, ou à débattre de celles des autres, autour de 6 grands axes et 20 thématiques plus ciblées.

Parmi ces grands axes, figurait la question de l’environnement et de l’équipement de travail, qui a représenté 578 des 6 600 contributions sur la plate-forme et a suscité 5 600 “réactions” (approbations, désaccords, et commentaires). De quoi alimenter les débats autour des espaces de travail, du télétravail et plus largement des outils numériques à la disposition des agents publics au quotidien.

Le télétravail à son plus haut niveau dans la fonction publique d’État

C’est ainsi que le débat s’est concentré sur l’opposition entre les pro logiciels libres et les pro-Microsoft ou Google. ll n’y a qu’à trier les sujets selon leur degré d’“animation” pour s’en rendre compte. Tout en haut de la liste, on retrouve la proposition d’un certain Quentin de pouvoir accéder à des logiciels de bureautique professionnels reconnus. 

“Il me semblerait indispensable, écrit-il, de donner l’accès à l’ensemble des agents aux outils bureautiques qui leur permettraient de gagner considérablement en efficience (Microsoft Office incluant Outlook, ou équivalent réel, plutôt que LibreOffice et Thunderbird, qui ont l’avantage d’être des logiciels libres mais sont objectivement beaucoup moins efficaces et pertinents dans un contexte professionnel – et d’ailleurs très peu utilisés dans le privé).”

Un autre participant souligne sa stupéfaction en rejoignant le secteur public : “En arrivant du privé, j’ai eu l’impression de revenir à l’Âge de pierre : plus de synchronisation des dossiers, de système efficace de travail collaboratif (sauf à passer par un site Internet Resana/Osmose, comme Sharepoint il y a vingt ans), de système de visioconférence fonctionnel et directement intégré à Outlook (WebConf est une catastrophe en termes de performance et d’ergonomie) .. J’ai dit à mon responsable IT qu’il m’avait fourni une machine à écrire qui pouvait envoyer des e-mails ! Le pire, c’est qu’il en était d’accord.”

Réponse d’un anonyme : “Si vous voyiez ce que je peux faire sur LibreOffice, vous comprendriez que c’est, dans la quasi-totalité des cas, juste que vous ne savez pas l’utiliser. Alors renoncer à notre souveraineté et payer une fortune des licences à Microsoft, tout ça pour ne pas aller contre les habitudes d’agents qui ne veulent pas s’adapter, c’est non.”

Pomme de la discorde

L’opposition entre les promoteurs des logiciels libres et les agents en quête d’outils numériques éprouvés se retrouve ainsi en tête des sujets, et rappelle les conclusions qui étaient ressorties, il y a quatre ans déjà, de la grande consultation “Simplifions ensemble” organisée par la direction interministérielle de la transformation publique. Outre le sujet ouvert par Quentin, cité plus haut, un participant défend le déploiement d’un “Office 365 (ou équivalent) souverain (et aucune concession sur l’ergonomie)”, quand un autre réclame sans détour le pack Office. En face, plusieurs autres contributeurs exigent de leur côté le déploiement de systèmes libres, et l’un demande même d’aller jusqu’à interdire le pack de Microsoft.

Jean-Louis Barthélémy : “L’enjeu est de transformer le sac à dos numérique en véritable suite collaborative”

On retrouve ici la tension habituelle entre d‘un côté, les tenants de la souveraineté numérique, ou à tout le moins d’une plus grande autonomie vis-à-vis des éditeurs privés, et de l’autre, les tenants d’outils tout simplement efficaces et auxquels tout un chacun est habitué. S’il fallait compter les points, et si tant est que cette consultation reflète véritablement la position des agents, le logiciel libre sortirait largement vainqueur au vu du nombre de “pouces verts” obtenus et de “pouces rouges” accordés aux promoteurs des suites de travail de type Microsoft.

Quoi qu’il en soit, la direction interministérielle du numérique (Dinum) a déjà pris sa décision. Sa nouvelle feuille de route, présentée en mars dernier, ambitionne de “préserver la souveraineté numérique de l’État en investissant dans des outils numériques mutualisés”. Pour ce faire, elle met un coup d’accélérateur assumé au développement d’une suite collaborative à la main de l’État, ou à tout le moins à sa constitution à partir de différents logiciels libres existants.

 

L’État freine le “tout-Microsoft” dans ses administrations

Le projet de loi de finances pour 2024 prévoit, dans cette optique, une enveloppe supplémentaire de 1,5 million d’euros pour proposer aux agents “une suite numérique souveraine” intégrant des “outils de qualité et de confiance”, portant le budget alloué par la seule Dinum à ce projet à environ 10 millions d’euros, sans compter les dépenses de personnel.

Le budget 2024 accorde également 30 postes supplémentaires à la Dinum, dont une partie pour le nouvel opérateur de produits interministériels, chargé d’assurer le passage à l’échelle des services numériques à vocation interministérielle et surtout de les relier les uns aux autres pour composer une véritable suite collaborative de travail de l’État, incluant la messagerie sécurisée Tchap ou les outils de visioconférence WebConf et Webinaire de l’État. Ce qui n’empêche pas certains ministères, comme celui du Travail, d’adopter seulement maintenant le fameux pack Office 365, par dérogation à la doctrine de l’État sur les services cloud

ACTEURS PUBLICS : article publie le vendredi 20 octobre 2023 & EMILE MARZOLF

 

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