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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

RESSOURCES HUMAINES

29 Juillet 2023 , Rédigé par FO Services Publics 51

Quand l’intelligence artificielle s’invite dans les recrutements

Confrontés à l’irruption de l’intelligence artificielle dans leur quotidien professionnel, les responsables RH ne savent pas toujours comment utiliser ces outils à bon escient. Il semble pourtant essentiel de les intégrer dès aujourd’hui dans les process, notamment pour automatiser certaines tâches sans véritable valeur ajoutée.

Les robots et l’intelligence artificielle vont-ils remplacer les professionnels RH de demain ? C’est l’une des questions sur lesquelles les professionnels des ressources humaines publiques se sont penchés lors d’une journée d’étude organisée le 6 juillet à Nantes par l’Association des DRH des grandes collectivités. Si la perspective peut paraître effrayante, force est de constater que la technologie occupe de plus en plus de place dans le quotidien des professionnels du secteur. Pour autant, ils ne semblent pas encore prêts à prendre le pas.

“Les avancées technologiques de ces derniers temps nous permettent d’avoir accès à énormément de données que l’on n’avait pas auparavant, nous donnent la possibilité de les exploiter très rapidement et d’avoir un regard plus pertinent sur nos pratiques”, a notamment témoigné Blandine Meignié, responsable “développement RH et emploi responsable” au sein des hôpitaux de l’Institut catholique de Lille. Et d’ajouter que s’il y a vingt ans, les responsables des ressources humaines passaient leur temps dans les annuaires d’école pour essayer de trouver le bon profil, il fallait appeler 20, 30 ou même 50 personnes avant de trouver un candidat qui correspondait à l’annonce et aux attentes du recruteur. “Aujourd’hui, en quelques clics, en posant la bonne question au bon outil technologique, on peut obtenir les 2 ou 3 candidats qu’il faut absolument contacter pour le poste”, relate Blandine Meignié.

La sélectivité des recrutements reste à un niveau “historiquement faible” dans la fonction publique

Une véritable avancée et un gain de temps notamment sur la partie sourcing. Cette technique, qui s’est beaucoup développée dans la fonction publique afin de pallier la pénurie de compétences sur certains métiers, permet aux professionnels RH de gagner du temps notamment sur les tâches sans véritable valeur ajoutée. “Nous gagnons aussi du temps sur des actions un peu plus administratives, notamment dans la rédaction d’offres d’emploi. Il n’y a rien de plus fatiguant que d’écrire des offres d’emploi, pourtant, c’est très important, insiste Blandine Meignié. Aujourd’hui, ChatGPT les rédige très bien : vous collez la description du poste et il vous sort une annonce plutôt pas mal.”

L’intelligence artificielle permet donc aux professionnels RH d’automatiser certaines tâches. Et selon les retours d’expériences des professionnels du secteur, sur ces tâches sans véritable valeur ajoutée, le résultat de la machine est plutôt bon, notamment sur les annonces, qui sont au final plus attractives pour les candidats et aboutissent à des taux de transformation supérieurs. “Sur cet aspect, c’est vraiment plutôt encourageant”, se félicite Blandine Meignié. Elle témoigne également gagner du temps avec l’intelligence artificielle sur tout l’aspect réponses aux candidats : “Si on peut automatiser la réponse à la même question que vont poser des dizaines de candidats, il faut automatiser cette tâche sans hésiter.”

“L’outil ne vous sauvera pas”

Les technologies liées à l’intelligence artificielle permettent aussi aux recruteurs de favoriser les mises en situation pour mieux tester les candidats. Une pratique répandue dans le secteur privé et qui commence à se développer dans certaines collectivités, mais de manière encore timide, les professionnels étant nombreux à préférer avoir la main sur cette question.

Mais pour utiliser ces technologies à bon escient, il reste indispensable pour les professionnels des ressources humaines de mettre en place une stratégie en posant les bonnes questions aux machines pour un maximum d’efficacité. 

“Demain, si vous avez une mauvaise expérience candidat, un salaire inférieur à 30 % du marché, une mauvaise intégration, un mauvais management, vous pouvez avoir les meilleures machines du monde, elles ne rendront pas votre recrutement meilleur”, insiste Blandine Meignié.

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Autre élément à prendre en compte : l’acceptabilité et l’accessibilité de ces technologies, éléments sans lesquels “l’outil ne vous sauvera pas”. De son côté, Henri Isaac, maître de conférences à l’université Paris-Dauphine, intervenant également dans le cadre de la journée d’études, estime que la difficulté qui peut se poser aux professionnels RH est d’adapter ces technologies à leurs organisations. “Les données RH sont souvent peu nombreuses, détaille-t-il. On est plutôt sur de la small data.” 

Autre enjeu à prendre en compte, selon lui, celui des données personnelles qui, avec le RGPD, nécessite de prendre beaucoup de précautions. “Au final, il va quand même y avoir un problème dans la gestion de l’IA en matière de gestion de la performance”, poursuit-il. Et de citer en exemple la difficulté à utiliser l’intelligence artificielle pour des problématiques telle que la rétention des talents. Il semble effectivement difficile de détecter les facteurs à cause desquels un collaborateur serait sur le point de partir. “L’intelligence artificielle dans les ressources humaines va se déployer, mais dans des morceaux de process très limités”, assure Henri Isaac. Il semble pourtant essentiel de ne pas l’ignorer.

ACTEURS PUBLICS : article publie le mercredi 12 juillet 2023 & MARIE MALATERRE

 

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