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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

POLITIQUE DE VILLE

31 Janvier 2025 , Rédigé par FO Services Publics 51

Le contrat de ville, un outil au service de la politique éducative des collectivités

Récemment signé avec les représentants de l'État, le contrat de ville de Paris illustre la façon dont les collectivités locales s'emparent toujours un peu plus des enjeux éducatifs.

En matière d'éducation, la loi impose aux communes la prise en charge de la création, des travaux, de l'entretien et du fonctionnement des bâtiments scolaires. En sa qualité de représentant de l'État, le maire est également responsable de l'inscription des élèves à l'école. C'est encore à la commune qu'il revient de gérer les personnels non enseignants, notamment les Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles). Et si elle décide de mettre en place un service de restauration scolaire, l'organisation de ce dernier est de sa responsabilité. Voilà, à grands traits, les obligations légales des communes en matière d'éducation.

En pratique, l'ambition de très nombreuses communes va bien au-delà. De plus en plus souvent, elles prennent part à des actions éducatives en lien avec les temps périscolaires, voire les apprentissages. Comment cela se traduit-il concrètement ? Le contrat de ville signé récemment entre la préfecture de la région Île-de-France et la ville de Paris pour la période 2024-2030 illustre de façon particulièrement éclairante le terrain que les collectivités locales ont conquis dans un domaine relevant pourtant de la compétence formelle de l'État.

L'éducation, première thématique du contrat de ville

Dans ce document formalisant les engagements des signataires pour lutter contre les inégalités territoriales et sociales sur le territoire parisien, l'éducation est la première thématique traitée, démontrant la volonté de la ville de mener des actions dans ce domaine. Parmi les trente engagements du contrat de ville, cinq portent directement sur des actions liées à la scolarité.

Le premier vise à faire de l'école un service public au cœur du quartier. Derrière cette formulation, il s'agit de lutter contre la fuite des élèves vers le secteur privé, un évitement jugé "très fort" à Paris et qui "renforce la concentration des élèves en grande difficulté sociale et d'apprentissage dans les établissements scolaires publics des quartiers prioritaires".

Ici, la préfecture, l'académie et la ville entendent agir sur plusieurs leviers. Parmi les actions à consolider, on note la poursuite des expérimentations de sectorisation discontinue et des secteurs multi collèges ainsi que du programme de construction et de rénovation des écoles.

Parmi celles à développer d'ici à 2030, on relève l'accompagnement des initiatives visant à valoriser l'image des établissements, la sécurisation des abords des écoles, le développement de projets visant à ouvrir l'école sur le quartier et ses habitants ou la participation des associations aux fêtes des écoles et collèges.

Apprendre à lire à l'école... et en dehors

Développer la pratique et le plaisir de la lecture des enfants est une autre priorité. Ici, le contrat de ville s'appuie sur des données, a priori, relevant de la responsabilité de l'Éducation nationale : "L'offre en matière d'accès et d'apprentissage de la lecture doit être renforcée, du fait de besoins croissants et aggravés par la crise sanitaire, mis au jour notamment par les résultats d'évaluation à l'entrée en CE1." De manière assez classique, le contrat continuera notamment à faciliter l'accès aux animations des bibliothèques publiques, y compris hors les murs, dans les quartiers ne disposant pas d'une bibliothèque à proximité. Mais il compte aller plus loin en déployant dans l'ensemble des quartiers prioritaires une démarche de "promotion territoriale de la lecture" qui devrait mobiliser chaque année pendant une période donnée l'ensemble des partenaires autour d'actions au sein de lieux institutionnels ou associatifs et dans l'espace public. Il est également question de développer des actions de mentorat en nouant des partenariats avec les écoles.

Un autre engagement fort vise à développer des ressources dans le quartier pour favoriser les parcours de réussite scolaire. Plusieurs actions déjà mises en œuvre vont continuer dans ce sens, comme le soutien aux dispositifs d'accompagnement individualisé des enfants des quartiers prioritaires ou le renforcement de l'offre de loisirs éducatifs. Mais dorénavant, il sera également question de développer une offre d'accompagnement et d'orientation en faveur des lycéens et d'améliorer les compétences psychosociales des jeunes.

Séjours de rupture 

Dans le même ordre d'idées, l'engagement en faveur de la prévention du décrochage scolaire portera, par exemple, sur des partenariats avec les établissements scolaires afin de mettre en place des mesures de responsabilisation permettant la remobilisation des collégiens, sur une offre de soutien aux élèves de seconde en difficulté résidant en quartier prioritaire ou encore sur une proposition de séjours de rupture et de découverte, hors de Paris.

Enfin, le dernier grand engagement du contrat de ville en matière d'éducation vise à faciliter les liens, qui "peuvent s'avérer fragiles"entre les parents et l'école. Le tout à travers un panel de services, des espaces d'écoute et d'entraide, notamment au bénéfice des parents isolés ou allophones. Ici encore, le contrat de ville pointe explicitement les carences de l'Éducation nationale, évoquant un lien familles-école "qui a pu s'étioler du fait de la crise sanitaire et de la dématérialisation croissante des correspondances entre les parents et les établissements scolaires". Et met en avant le rôle de la collectivité. Et pour cause : quand il s'agit de déployer des espaces de proximité dans les quartiers prioritaires ou de développer l'accompagnement des familles résidant en hôtels sociaux, elle est forcément la mieux placée.

"Aller vers"

Pour chacun de ces engagements, le contrat désigne des acteurs pilotes, deux au minimum. Parmi eux, la ville de Paris est systématiquement citée. Ce n'est en revanche pas toujours le cas de l'académie, absente des acteurs-pilotes en matière de parcours de réussite scolaire et sociale. On remarque par ailleurs à travers ces différents engagements que Paris actionne deux compétences obligatoires qui lui reviennent au titre de son statut de département : la gestion des collèges et la lecture publique.

Quoi qu'il en soit, la méthode du contrat de ville consiste, sur ces différents enjeux, à recourir à l'"aller vers". Autrement dit, à favoriser un accompagnement sur mesure et individualisé. Déjà mise en place lors du contrat 2015-2023, cette méthode a présenté "des résultats d'impact positifs qui ont convaincu l'ensemble des signataires de la nécessité de les poursuivre et de les renforcer".

L'"aller-vers" implique une démarche proactive vers les citoyens et nécessite, en quelque sorte, de leur faciliter la tâche. Cette recherche de simplification ne peut se faire qu'à deux conditions : faire travailler ensemble toutes les institutions intervenant dans le domaine de l'éducation, et connaître le terrain et ses habitants aussi finement que possible. Deux conditions qui expliquent pourquoi, souvent bien au-delà de leurs compétences obligatoires, les collectivités locales s'impliquent de plus en plus dans l'éducation et continueront de le faire.

LOCALTIS : Article publié le lundi 20 janvier 2025 & Jean Damien LESAY

 

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