TELETRAVAIL
Comment la DSI de l’Etat se mobilise pour assurer le télétravail des agents
Après un premier confinement placé sous le signe de l’urgence, la DSI de l'Etat est-elle préparée à un reconfinement, certes allégé, mais qui replonge nombre d'agents publics dans le travail à distance ?
Anticiper le “coup d’après”. Tel était l’objectif attribué à la feuille de route numérique de l’Etat lors de sa réactualisation fin août par le directeur interministériel du numérique, Nadi Bou Hanna. Une nouvelle feuille de route et de nouvelles priorités, mais intervenue en plein creux de la vague, alors que la plupart des agents publics étaient revenus au bureau.
Première des nouvelles priorités assignées à la stratégie Tech.Gouv : la montée en puissance du réseau interministériel de l’Etat. Créé à partir de 2012, ce réseau sert à relier les différents ministères et gérer leur accès à Internet. Le tout avec à la clé des économies et une plus grande sécurisation des échanges grâce à la mutualisation. Son bon fonctionnement est donc primordial pour assurer la continuité d’activité de l’Etat sur près de 14 000 sites. Néanmoins, lors du premier confinement, entre 150 000 et 170 000 agents seulement ont pu se connecter au RIE pour travailler en conditions normale à domicile. “Nous n’avons pas connu pendant cette période de rupture de connexion majeure, mais il nous faut être capable de faire plus, pour anticiper le coup d’après”, avait indiqué fin août Nadi Bou Hanna en présentant le projet “Résilience du RIE” nouvellement intégré à Tech.Gouv.
Renforcement des débits
Le projet de loi de finances pour 2021 étudié au Parlement prévoit à ce titre de recruter 5 agents spécifiquement pour l'exploitation du RIE, sur le total de 20 ETP accordés à la Dinum pour 2021. D’ici 2022, ce sont 12 ETP qui s’ajouteront à l’équipe en charge du réseau interministériel. “Le projet Résilience RIE vise à offrir de nouveaux services de continuité informatique et télécom en situation de crise, et notamment de prendre la suite du réseau Rimbaud, dont la technologie utilisée est en voie d’obsolescence”, explique le directeur à Acteur publics. Cet enjeu devra être couvert tout en continuant à faire croître massivement les débits et l’accès à distance des agents à leur environnement de travail (VPN), et en lançant de nouveaux services mutualisant des fonctions techniques historiquement traitées dans les ministères”.
La montée en puissance du RIE figure d’ailleurs dans le duo de tête des financements accordés par le plan de relance aux projets numériques de l’Etat. Un appel à projets sera ouvert le 1er décembre pour distribuer une enveloppe de 55 millions d’euros pour les deux prochaines années. Il s’agira d’“améliorer la performance des points d’accès au RIE des services de l’État dans les territoires, avec un focus sur le débit, la stabilité, la résilience et l’impact sur le ressenti des utilisateurs”, est-il indiqué dans un document présentant l’allocation des moyens du plan de relance.
Etoffer l’offre de services
Ces efforts ne paieront toutefois pas dans l’immédiat, notamment pour faire face au reconfinement. En attendant, la DSI de l'Etat continue de développer et de mettre à disposition de nouveaux services pour compléter la palette d’outils interministériels de travail à distance des agents publics de l’Etat. Le premier confinement avait mis en lumière plusieurs de ces solutions, telles que la messagerie instantanée et sécurisée Tchap et la solution de visioconférence WebConférence de l’Etat. Leur utilisation avait de fait été boostée par la bascule massive au télétravail. De quelques 80 000 utilisateurs en février, Tchap est monté à plus de 150 000 à l’issue du confinement, en mai. Et le mouvement ne s’est pas complètement essoufflé puisque l’on comptait en octobre 180 000 inscrits.
Quant à la WebConférence de l’Etat, elle a été prise d’assaut pendant le premier confinement, avec un pic de près de 18 000 utilisateurs sur la totalité du mois d’avril (et un pic à plus de 4000 utilisateur en une journée). Ce qui avait d’ailleurs eu pour effet d’en saturer les ponts, et contraint la direction a désactiver la vidéo par défaut pour limiter la charge.
Au déconfinement, l’utilisation de Web Conférence avait chuté entre 6000 et 7000 utilisateurs mensuels, bien au-delà, toutefois, du niveau d’avant confinement, qui tournait aux alentours de 2 500 utilisateurs mensuels. Avant de repartir à la hausse dès le mois d’octobre, avec plus de 8100 utilisateurs. Et plus encore avec l’annonce du reconfinement, fin octobre. “Nous constatons un pic important d’utilisations des outils à partir des premières annonces : environ 1400 salons ouverts Web Conférences par jour en ce début de semaine de novembre, contre 440 en moyenne en octobre”, fait savoir la Dinum. Et plus de 800 nouveaux utilisateurs par jour sur Tchap.
Adaptations
Face au retour au télétravail de ce mois de novembre, la Dinum invite toutefois à nouveau les utilisateurs de Web Conférence à privilégier l’audioconférence quand cela est possible, et notamment sa nouvelle solution “Audio Conf” lancée le 5 novembre. Elle invite également les agents à “débrancher leur VPN” et utiliser leur propre connexion lorsqu’ils utilisent la visio, notamment pour décharger le réseau interministériel de l’Etat. Ou bien encore à utiliser la version hors-RIE qui passe uniquement par Internet, lorsque l’absolue sécurité des échanges n’est pas nécessaire.
La direction s’adapte déjà pour faire face à la montée en charge. Si côté Tchap, “le service présente une qualité de service remarquable” et seule sa “supervision a été renforcée pour corriger les éventuelles pannes qui surviendraient”, une “nouvelle architecture est en préparation” pour permettre à Web Conférence d’accueillir davantage de conférences, explique Nadi Bou Hanna. L’objectif, concernant cette solution de visio, est de pouvoir l'industrialiser fin décembre pour passer, début 2021, de 700 à 5000 et même 10 000 utilisateurs en simultané.
Des actions de mise à niveau devraient également permettre d'améliorer les performances du RIE d’ici la fin de l’année, avec notamment des efforts sur les “flux en temps réel” pour booster, dans un premier temps en tout cas, la Web Conférence de l’Etat. Sur le plan du télétravail, les différentes actions de renforcement du RIE, de mise à disposition et de renforcement de nouveaux outils de travail à distance, ou d’équipement informatique (50 000 ordinateurs sécurisés doivent être distribués) devraient permettre de grimper à 190 000 agents travaillant “comme au bureau” d’ici la fin de l’année, sans compter les agents de l’Education nationale. Ces-derniers devraient toutefois bénéficier en décembre d’une toute nouvelle solution de webinaire..
acteurs publics : article publie le jeudi 12 novembre 2020 & EMILE MARZOLF