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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

COLLECTIVITES TERRITORIALES

20 Avril 2023 , Rédigé par FO Services Publics 51

1 293 démissions de maires depuis 2020 : bientôt une feuille de route pour soigner un “mal profond”

Depuis 2020, 1 293 maires ont démissionné, soit près de 40 chaque mois en moyenne. Un niveau comparable aux démissions enregistrées lors du précédent mandat municipal. “Il ne faut pas nier la lassitude des élus”, a déclaré la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure. Elle a promis des propositions dans les prochaines semaines pour “bâtir une feuille de route sur la place de l’élu local au sein de notre République”.

Près de 40 par mois. C’est le rythme moyen des démissions de maires qui ont été recensées depuis les dernières élections municipales. Au total, 1 293 d’entre eux ont rendu leur tablier depuis le début de leur mandat, à l’été 2020, a indiqué le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, mercredi 5 avril, lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat. “Beaucoup ont démissionné en début de mandat, certainement à cause du Covid-19, a-t-il expliqué. Je vois aussi des équipes dans lesquelles la mayonnaise n’a pas pris. Mais cela n’explique pas tout.”

Le gouvernement Borne a néanmoins tenté de relativiser, évoquant une “moyenne comparable” à celle enregistrée lors du précédent mandat municipal. Entre 2014 et 2020, 2 925 démissions avaient été recensées. Un chiffre néanmoins largement supérieur à celui du mandat antérieur (2018-2014), au cours duquel 717 maires avaient démissionné.

La “cote d’alerte” est atteinte, selon l’AMF 

L’exécutif avait été interpellé par le sénateur Les Indépendants Franck Menonville, qui a alerté sur la démission de “près de 4 000” élus municipaux depuis 2020 et le franchissement du seuil de 1 000 maires démissionnaires.

“Les élus de proximité exercent leur mission dans un climat délétère et subissent transferts de compétences et lourdeurs administratives et bureaucratiques, a déclaré le parlementaire. Il est de plus en plus difficile de concilier mandat et vie personnelle et professionnelle, et je ne parle pas des intimidations, de la radicalisation, de l’agressivité, de l’individualisme et du durcissement de la société post-Covid.“ Et le sénateur d’insister sur la nécessité de “restaurer l’attractivité de cet engagement” local. 

Dans les colonnes du Figaro, lundi 3 avril, le président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard, s’était déjà alarmé du fait que les démissions d’élus locaux “atteignent un niveau jamais vu”, voire une “cote d’alerte”. Le maire de Cannes a pointé des causes multiples pouvant expliquer ce phénomène : “la difficulté de concilier la fonction de maire avec un métier”, le “casse-tête bureaucratique”, la “multiplication des contraintes” mais aussi “l’incivisme”, les “attaques sur les réseaux sociaux”, les “dénigrements” ou les “tentatives d’intimidation”. 

Une feuille de route pour accompagner les élus

Les élus municipaux “souffrent d’un manque de considération au plus haut niveau de l’État, d’un paternalisme exaspérant”, a abondé la sénatrice LR Véronique Del Fabro lors de cette même séance de questions au gouvernement. L’occasion aussi pour cette élue de souligner que certains maires “jettent l’éponge face à tant de missions et à l’inflation législative”. Un “harcèlement textuel”, selon ses mots. 

Si des élus municipaux “témoignent du bonheur d’être maire,(…) il ne faut pas nier la lassitude des élus”, lui a répondu la ministre déléguée chargée des Collectivités, Dominique Faure, avant de mettre en avant les dispositions de la loi “Engagement et Proximité” de 2019, qui a revalorisé les indemnités des élus des petites communes. 

“Mais tout ne se résume pas à des dispositions statutaires, a poursuivi la ministre. Je ne me résous pas à ce mal profond. J’essaie de comprendre les causes de ces démissions.” Aussi Dominique Faure a-t-elle annoncé qu’elle formulerait des propositions dans les prochaines semaines, “en vue de bâtir une feuille de route commune sur la place de l’élu local au sein de notre République”.

 “Les maires sont les fantassins de la République, à portée de baffe de nos concitoyens, avait précédemment affirmé Christophe Béchu. Nous devons mieux les accompagner.” 

acteurs publics : article publie le jeudi 06 avril 2023 & BASTIEN SCORDIA

Une mission sénatoriale planche sur l’avenir du maire 
Une mission d’information a été lancée en janvier au Sénat sur “l’avenir de la commune et du maire en France”. “Après plusieurs réformes territoriales successives et alors que l’intégration intercommunale est aujourd’hui achevée, les motifs d’inquiétude et les raisons d’espérer pour l’avenir des communes et des maires sont nombreux, explique la mission. Les difficultés rencontrées par les maires dans l’exercice de leur mandat ou le sentiment que leur action est entravée par le manque de moyens et la multiplication des normes contrastent ainsi avec le fort attachement des citoyens à leur commune et leurs attentes à l’égard de leurs élus municipaux”. Ses conclusions, notamment pour proposer une “vision à l’horizon 2030”, sont attendues pour le mois de juillet. 

 

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