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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

SOBRIETE NUMERIQUE

2 Novembre 2024 , Rédigé par FO Services Publics 51

Un outil en développement pour favoriser l’écoconception des sites du service public

Après une expérimentation en interne, le ministère de la Transition écologique s’apprête à proposer à l’ensemble des administrations un outil numérique pour verdir leurs sites internet. Principalement dédié aux services de communication, il apporte recommandations et suivi dans le temps.

Poids des scripts, des images, lenteur générée par la complexité des pages… Les administrations ne le savent pas toujours, mais la manière dont elles gèrent leurs sites internet peut avoir des conséquences non-négligeables sur l’environnement. Si l'attention portée à l'impact écologique des produits en ligne est encore balbutiante, elle tend à se développer : le ministère de la Transition écologique (MTE) travaille actuellement sur un projet numérique qui permettra de suivre de manière automatique l’écoconception des sites du service public.

Concrètement, les ministères souhaitant baisser l’empreinte carbone de leurs sites internet pourront mesurer les effets des mesures écoresponsables qu’ils entreprennent, tout en disposant de conseils pour aller plus loin. Intitulé MISIS pour "mesure d’impact des sites internet et leur suivi", l'outil vise à ce que "n’importe quelle administration puisse évaluer l’impact environnemental de son site et le suivre dans le temps", présente Geoffrey Arthaud, responsable "Méthode" au sein de la direction du numérique du MTE.

Un nouveau référentiel pour développer des services numériques écoresponsables

Ce pôle aide les équipes du ministère chargées d’un produit numérique à améliorer leur organisation, gagner en agilité et les outille du point de vue technique en mettant en place l’automatisation de leurs processus. Le service s’intéresse également à la qualité perçue par l’usager, que ce soit en matière d'accessibilité ou d'écologie. C’est dans le cadre de cette dernière prérogative que Geoffrey Arthaud a lancé ce projet d’automatisation du suivi de l'écoconception des sites du service public. Initialement développé pour le MTE, le projet a finalement l’ambition d’avoir un rayonnement interministériel.

Obtenir des données

Avant de passer à l’échelle, le projet a ainsi fait l’objet d’une expérimentation lancée en mai 2023 à partir du site écologie.gouv.fr, le portail en ligne du ministère de la Transition écologique. "Le projet est né du besoin de savoir si le site qui avait été développé par la direction de la communication du ministère était éco-conçu ou non, relate Geoffrey Arthaud. Un site aussi important a de multiples contributeurs et on ne se rend pas nécessairement compte de l’impact qu’ils peuvent avoir"

En effet, lorsqu’une personne dispose d’une connexion dégradée, les éléments d’un site internet dits "lourds", et donc particulièrement polluants, peuvent charger lentement. Or, lorsqu’un usager dispose de la fibre, il ne se rend pas nécessairement compte du poids des images ou de la quantité de script figurant sur le site. Le projet permet donc d’obtenir des données de manière fiable.

Les sites Service-public, Légifrance et Vie publique sur le chemin de l’écoresponsabilité

Il existait déjà EcoIndex, une plateforme permettant de définir l’impact carbone et en consommation d’eau des sites Internet, fondée sur l’analyse du cycle de vie. Mais elle a une limite : elle ne peut analyser qu’une page d’accueil, en rentrant manuellement une URL. "Là où nous allons plus loin, c’est que nous sommes capables d’analyser un site en entier, doté de multiples pages, et surtout d’assurer un suivi dans le temps", présente Geoffrey Arthaud.

Un scan complet du site va être réalisé, qui va apporter des éléments sur le poids des médias, le nombre de requêtes effectuées, la complexité des pages… Cela permet de déceler les pages très émettrices, qu’on ne soupçonne pas forcément à l’œil nu.

Suivi pour éviter les "dérives"

Lorsqu’une administration réalise un audit pour analyser l’impact environnemental d’un de ses produits numériques, elle parvient à détecter les problèmes et à les corriger une première fois. "Mais sur un site dont le contenu est basé sur des actualités et articles, rien ne garantit que les porteurs de contenus vont continuer à être sobres, alerte Geoffrey Arthaud. Par exemple, beaucoup de contributeurs participent au site écologie.gouv.fr et tous ne sont pas sensibilisés"

Et Geoffrey Arthaud a justement pu observer que, bien que l’expérimentation réalisée en 2023 ait permis de compresser davantage les médias du site economie.gouv.fr et donc économiser de la bande passante, une "dérive" a été observée un an après. C’est en juillet 2024, lorsque le site a été refondé pour passer au système de design de l’État, qu’une attention particulière a de nouveau été portée à l’écoconception. "On a clairement vu une amélioration nette. Contrairement à la réalisation d’audits ponctuels, l’outil permet d’assurer la pérennité de la démarche", soutient le responsable.

Gain financier et écologique

Pour développer l'outil, Geoffrey Arthaud est passé par un guichet interministériel, qui propose de cofinancer les projets de réduction de l’empreinte environnementale du numérique de l’État. Il a ainsi pu bénéficier du fonds de transformation de l’action publique, administré par la direction interministérielle de la transformation publique (DITP). Mais pour y être éligible, les agents doivent démontrer la rentabilité à la fois financière et environnementale de leur projet.

Un dispositif pour accompagner les collectivités dans leur transition numérique responsable

Le projet a l'avantage d'économiser sur le coût des audits, mais quid du gain écologique ? Selon les estimations des équipes, en 3 ans et une quarantaine de sites accompagnés, dont 10% à fort trafic (c’est-à-dire allant jusqu’à 2 millions de visites par mois), l’outil pourrait permettre d’économiser 8 tonnes équivalent CO2 et 155 m3 d’eau. "L’objectif était de montrer l’impact positif du produit avec une position réaliste : nous pourrions auditer plus de sites, mais nous sommes conscients du caractère récent de l’intérêt pour l’éco-conception", précise Geoffrey Arthaud. 

Si le projet n’a pas encore été officiellement lancé, l’équipe a déjà identifié un premier panel d’utilisateurs intéressés par la démarche, notamment au ministère de la Culture et à la gendarmerie nationale. La direction de la communication du MTE continuera également d’en bénéficier. "Un formulaire pour expérimenter l’outil va être mis dans les mains des utilisateurs bêta avant fin octobre, et on espère une mise à disposition publique en décembre", précise Geoffrey Arthaud. Les administrations pourront y accéder via ProConnect, le portail interministériel des agents de l’État et professionnels travaillant avec l’administration.

ACTEURS PUBLICS : article publie le mardi 08 octobre 2024 & Philippine Ramognino

 

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