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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

TÉLÉTRAVAIL

30 Juin 2020 , Rédigé par FO Services Publics 51

Télétravail pendant le confinement : les cadres supérieurs de l’État peinent à identifier les agents “décrocheurs”

Une enquête menée par la direction interministérielle du numérique pointe le manque de préparation des cadres supérieurs de l’État à la pratique contrainte du télétravail pendant le confinement. Ceux-ci éprouvent par ailleurs des difficultés à identifier les “agents décrocheurs”. Les managers entendent néanmoins pérenniser un certain nombre des modes de travail que le confinement a permis d’expérimenter. 

Comment l’encadrement supérieur de l’État a-t-il vécu l’expérience du télétravail “contraint” due au confinement et, surtout, ses impacts sur le management des équipes ? Telle était l’interrogation de la direction interministérielle du numérique (Dinum) qui, avec l’appui de la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), a décidé de sonder les cadres supérieurs de l’État sur ce point. Une enquête menée du 5 au 25 mai derniers [lire encadré] et dont les résultats ont été présentés vendredi 19 juin, lors d’un webinaire consacré au manager public “à l’épreuve” de la crise, organisé par la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP). 

Certes, la majorité des encadrants considère avoir eu les capacités de se mettre assez vite en travail à distance. Ainsi 60 % d’entre eux estiment-ils “avoir eu rapidement les moyens de mobiliser leur équipe à distance” et près de 60 % de ces cadres également disent avoir eu connaissance des outils mis à leur disposition en ce sens “dès la première semaine” du confinement. 

Culture insuffisante du télétravail 

En revanche, la très grande majorité des managers interrogés disent ne pas avoir été suffisamment préparés à cette pratique inédite d’un télétravail quasi total. En effet, 75 % des répondants déclarent que “leur administration avait une culture du télétravail insuffisante voire absente avant le confinement”. 

Par ailleurs, près de 30 % des interrogés disent avoir identifié des agents “en difficulté” en raison de la mise en place contrainte du travail à distance. Autre information d’importance : 34 % des répondants indiquent ne pas savoir si leurs agents se sont retrouvés ou non en difficulté. 

“On a beaucoup parlé des élèves décrocheurs et un peu des enseignants décrocheurs, mais il y a aussi sans doute un vrai sujet autour des agents décrocheurs, a souligné Nadi Bou Hanna, le directeur de la Dinum, lors du webinar. La culture du management que nous avons développée pendant des années ne permet pas d’identifier facilement, dès lors que nous n’avons pas les agents sous la main, si ceux-ci sont pleinement mobilisés et s’ils parviennent à continuer à exercer l’intégralité de leurs missions.” 

Multiples limites identifiées 

Les causes des difficultés éprouvées par les agents et citées par la Dinum sont de plusieurs ordres : le manque d’accompagnement au télétravail, la difficulté dans le partage des temps personnel et professionnel, la difficulté à “déconnecter” ou encore la “gestion de la pression en autonomie ( hyper-sollicitations, instantanéité…)”. 

D’autres limites de la pratique du “tout-à-distance” ont aussi été évoquées par Nadi Bou Hanna lors du webinar organisé par la DGAFP, comme la “dispersion de l’information” sur les outils à disposition des agents publics, les secrétariats peu équipés en mobilité. “La question de l’outillage est aussi revenue, avec en particulier une approche de la débrouille”, a ajouté le directeur en pointant les limites de ce qu’il était possible de faire avec les outils mis à disposition par l’État. L’utilisation des équipements personnels a ainsi été privilégiée dans certains cas, ceux-ci étant jugés comme plus performants et plus rapides que ceux des administrations.

Des pratiques à pérenniser 

Malgré cela, les managers interrogés entendent pérenniser l’expérience des modes de travail que le confinement a fait émerger. Ainsi, 60 % des répondants souhaitent-ils “conserver au-delà de la crise les pratiques de travail instaurées pendant le confinement”. Seuls 4 % indiquent qu’ils “reviendront à la normale”.

Parmi ces pratiques, le télétravail arrive bien entendu en tête, certains souhaitant accompagner sa généralisation, d’autres son instauration partielle. Autres pratiques que les managers souhaitent pérenniser : le maintien des réunions à distance, pour éviter les déplacements mais aussi gagner en efficacité (durée plus courte, nombre de participants réduit, focus sur l’objectif fixé), le développement de l’usage des outils collaboratifs, la dématérialisation des procédures “de bout en bout”, l’organisation en mode task force ou le renouvellement des pratiques managériales. 

ACTEURS PUBLICS : article publie le lundi 22 juin 2020 & BASTIEN SCORDIA

 

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