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COLLECTIVITES
Un observatoire pour accompagner l’essor de l’intelligence artificielle dans les collectivités
Entre l’irruption de ChatGPT et les appels à projets de l’État pour créer des démonstrateurs territoriaux, l’intelligence artificielle est appelée à s’imposer dans le paysage des collectivités. Un observatoire va voir le jour pour suivre et développer des cas d’usage.
Prendre la vague de l’intelligence artificielle (IA) tout en la maîtrisant du mieux possible. Tel semble être le credo des grandes villes, réunies au sein des Interconnectés, de France urbaine et d’Intercommunalités de France. Les 3 associations se sont dotées d’un “plan d’action national d’observation des usages de l’IA dans les territoires”. Elles en ont fait l’annonce, jeudi 6 juillet, lors d’une journée consacrée aux données et à l’IA dans les collectivités. “Face à l’accélération des usages de l’IA et la diffusion massive de ces outils dans la vie publique, professionnelle et privée, les membres de la commission « Numérique et innovation » des Interconnectés, France urbaine et d’Intercommunalités de France appellent les élus locaux et le gouvernement à prendre position et à agir”, plaident les 3 associations dans un communiqué.
Avec leur propre plan d’action, l’objectif est de créer d’ici trois ans un espace d’observation des impacts de l’IA, indispensable pour éclairer les décisions des acteurs publics locaux. L’enquête de l'observatoire DataPublica sur les usages de la donnée a été mise à jour pour intégrer des questions plus ciblées sur la diffusion de l’intelligence artificielle, et en particulier sur la montée en compétences des collectivités en la matière.
Un algorithme pour combattre le gaspillage alimentaire
Une “bibliothèque” des cas d’usages sera quant à elle mise en place dès la fin de l’année, puis alimentée en continu. Car l’idée n’est pas de se limiter à de l’observation et de la tergiversation. Le président des Interconnectés, Francky Trichet, a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de créer aussi un “espace d’expérimentation” pour créer le dialogue. “Comme la ville de Boston l’a fait, il ne faut pas hésiter à prendre la vague de l’expérimentation, a-t-il plaidé, même si on ne sait pas encore où tout cela nous mènera, pour réfléchir à partir de vrais exemples concrets menés dans les services avec de vrais agents.” Seul moyen selon lui d’observer de plus près l’efficacité des outils, leur adéquation avec les métiers des collectivités, mais aussi leur impact sur les organisations et les agents. Tel outil “donne-t-il lieu à une en capacitation des agents, ou au contraire à une destruction de certains volets de leur métier ?” s’interroge-t-il.
Comment l’État veut accompagner la transition écologique des collectivités grâce à l’IA
À la question de savoir si de simples collectivités françaises pourront vraiment entraîner des IA performantes, face à des géants américains qui absorbent et moulinent des quantités astronomiques de données, le président répond que rien n’est impossible. Pour preuve, les 3 associations ont d’ores et déjà identifié une quarantaine d’IA déployées dans les territoires. “Il est tout à fait possible de déployer des IA spécifiques à partir de données localisées”, explique Francky Trichet.
Et de citer l’exemple d’un algorithme de la métropole de Nantes pour combattre le gaspillage alimentaire en restauration scolaire. Celui-ci a été entraîné certes grâce aux données météo de Météo France sur dix ans, mais aussi grâce à un jeu de données beaucoup moins volumineux qu’est l’historique des menus des cantines. C’est d’ailleurs toujours avec Météo France que Toulouse a, elle, développé un algorithme pour anticiper l’apparition d’îlots de chaleur et guider les choix de transformation de la ville pour faire face au réchauffement climatique.
L’Observatoire aura aussi et surtout vocation à réunir et animer une communauté d’acteurs des territoires pour partager des cas d’usage, des projets, mais aussi les algorithmes ainsi développés pour que les autres collectivités s’en emparent.
Entre bénéfices et risques
On l’aura compris, les grandes villes ne veulent pas rater le coche de l’IA et trouver le bon compromis entre usages prometteurs, positifs même, et risques éthiques. Les porteurs de l’Observatoire en sont convaincus : il existe une voie entre l’interdiction pure et simple de l’utilisation de ChatGPT imposée aux agents de Montpellier (pour éviter toute fuite de données internes) et l’obligation faite aux 4 000 agents de la municipalité de Yokosuka au Japon d’utiliser l’agent conversationnel dans leur quotidien. “L’IA pose des questions éthiques fondamentales. Demandez à ChatGPT quelle est la capitale d’Israël, sa réponse ne sera pas celle de la France, Tel Aviv”, mais plutôt la réponse des États-Unis, soit Jérusalem, donne pour exemple Bertrand Monthubert, président du Conseil nationl de l’information géolocalisée (CNIG) et expert du partenariat mondial pour l’IA, pour illustrer à la fois les limites des IA développées à l’étranger et la nécessité d’y recourir en France. L’une des priorités du plan d’action consistera aussi à développer la démocratie numérique, ou comment faire participer la société civile à la discussion autour de ces sujets.
L’État va expérimenter des concurrents de ChatGPT pour répondre aux questions des usagers
Un conseil scientifique a d’ailleurs été mis sur pied pour suivre ces différents chantiers. Il est pour l’heure composé du président de DataPublica, Jacques Priol, du président du CNIG, Bertrand Monthubert, du sociologue et responsable du LaborIA, Yann Ferguson, ainsi que du professeur et ancien praticien hospitalier Pierre-Antoine Gourraud. En attendant les premières “productions” du plan d’action, les équipes entament une tournée des experts et des “offreurs de solutions” du 11 au 20 juillet, pour défricher le sujet, faire la part des choses entre les promesses et la réalité, et mieux cadrer les chantiers à venir.
acteurs publics : article publie le lundi 10 juillet 2023 & EMILE MARZOLF
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