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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

FORMATION

21 Mars 2025 , Rédigé par FO Services Publics 51

Écoles de service public et universités phosphorent autour d’un avenir commun

Coopérer ou non ? La question ne fait même pas débat : les deux mondes de l’administration et de l’université ont un véritable intérêt commun à collaborer. Encore faut-il que chacun sorte de sa zone de confort et ose innover…

Écoles de service public et universités. Deux mondes qui semblent proches, mais qui finalement se connaissent mal et échangent assez peu, au grand regret, d’ailleurs, des acteurs de l’écosystème. C’est, du moins, l’un des enseignements que l’on peut tirer d’un atelier organisé récemment autour du thème “Écoles de services publics et universités, quelles complémentarités pour des formations plus attractives ?”

Premier constat assez étonnant : les deux mondes, aux activités et préoccupations pourtant connexes, se connaissent mal. “Un vrai paradoxe, estime d’emblée Yannick Girault, directeur de l’école des finances publiques (Enfip) et président du Réseau des écoles de service public (Resp). Il ne faut pas oublier que nos étudiants sont issus de l’université.” “Pour tout vous dire, a également souligné Virginie Dupont, présidente de l’Université de Bretagne Sud et vice-présidente de France Universités, en préparant cette table ronde, je me suis rendu compte que je connaissais quelques-unes des 34 écoles du Resp, mais certains acronymes ne me parlaient pas du tout.” Pourtant, la collaboration entre l’université et l’administration n’est pas un phénomène nouveau. Elle s’est notamment incarnée il y a un peu plus de quarante ans avec la création des Instituts de préparation à l’administration générale (Ipag), dont la vocation est de préparer aux concours de la fonction publique, comme le rappelle Franck Durand, maître de conférences et professeur des universités en droit public à Reims.

La particularité des Ipag, c’est d’avoir été créés par un arrêté conjoint du ministre de la Fonction publique et du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, garant au plus haut niveau d’une collaboration entre le monde universitaire et l’administration", poursuit-il.

Les écoles de service public veulent renforcer l’attractivité de la fonction publique

Mais alors, pourquoi la rencontre entre les deux mondes ne s’est-elle réellement jamais faite ? Car s’il existe bien, ça et là, des partenariats qui impliquent les écoles de service public et l’université, ces initiatives restent plutôt isolées et sont souvent le fruit de connaissances personnelles entre les directeurs et professeurs ou encore d’une proximité géographique entre les établissements. “Vu d’une école de service public, au-delà de l’incantation ou de la volonté d’une personne de multiplier les relations avec le monde universitaire, il est important de développer une stratégie interne pour faire comprendre à tous que les partenariats sont à la fois bénéfiques et utiles”, commente Emmanuelle Gidoin, directrice de l’École nationale des Douanes.

Ainsi, en mai 2022, la Douane a installé un conseil scientifique rassemblant une vingtaine de chercheurs spécialisés dans des domaines très divers, destiné à répondre directement aux besoins de l’administration en s’inscrivant dans une logique d’efficacité. Autre exemple emblématique : en 2023, l’Institut national de service public (INSP) et France Universités ont signé une convention de partenariat engageant une démarche de coopération entre les deux institutions, autant en matière de recherche que de formation. “Du point de vue réglementaire, il n’y a aucune difficulté, nous sommes très ouverts et nous avons très envie d’aller plus loin, poursuit Virginie Dupont. Notre objectif commun est de former des jeunes vers des métiers, nous sommes aussi attachés au secteur public alors tout ce qui peut contribuer à son épanouissement est un vrai plus.”

L’impérieuse nécessité d’aller sur le terrain

L’ensemble des parties prenantes s’accordent à dire qu’il est nécessaire d’accentuer ces collaborations, et de surcroît dans un monde en profonde mutation dans lequel les étudiants ont besoin d’une bonne connaissance des enjeux contemporains pour endosser leur futur poste. “Nous sortons d’un monde où nous étions un peu isolés les uns les autres, analyse Yannick Girault. Les administrations publiques ont beaucoup vécu dans leur tour d’ivoire et notre but était de recruter et de former aux métiers techniques. Mais aujourd’hui, les jeunes sont attentes d’autre chose, ils veulent une continuité, pas une rupture.” Une tendance également repérée par Franck Durand, qui estime que ces ponts entre les deux mondes permettraient de répondre à “une quête de professionnalisation des étudiants”.

Places réservées aux concours de la haute fonction publique : la fin de la discrimination positive se profile

Mais alors, quels sont les freins à lever pour arriver à davantage de fluidité dans la mise en place de ces partenariats ? Les deux mondes doivent nécessairement s’ouvrir et, dans ce contexte, France Universités pourrait par exemple jouer un rôle central, être force de propositions, nouer des conventions avec le Resp et définir les différentes actions croisées à mettre en place. “Cela permettrait d’abord de porter à la connaissance de l’ensemble des présidents d’universités, les différentes écoles du réseau de service public”, estime Virginie Dupont. “Nos directeurs d’établissement ont le devoir impérieux d’aller sur le terrain sans attendre que cela vienne forcément du haut, souligne également Yannick Girault. Il y a actuellement une foultitude d’initiatives en cours, nous avons aussi le devoir de le recenser, les mettre en cohérence et les partager.”

Un rapprochement qui sera sans nulle doute facilité par le renouvellement des gouvernances d’universités qui se traduit, de l’avis des experts participants à l’atelier, par une plus grande écoute des composantes et des innovations. “Il y a moins de cloisonnement et de rigidités, c’est l’avantage des nouvelles gouvernances universitaires”, confirme Franck Durand. Pour Emmanuelle Gidoin, l’un des clés nécessaires pour accompagner ce mouvement est celle de la diplomation ou la possibilité pour les étudiants des écoles de service public et des universités de bénéficier d’un double diplôme.

C’est d’ailleurs ce qui est actuellement en train d’être mis en œuvre pour les inspecteurs-élèves des Douanes et l’IAE de Lille. Un projet qui devrait voir le jour à la rentrée 2026.

ACTEURS PUBLICS : article publie le mardi 11 mars 2025 & marie Malaterre

 

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