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Syndicat Force Ouvrière des Services Publics de la Marne

RESSOURCES HUMAINES

30 Juin 2025 , Rédigé par FO Services Publics 51

L’Institut national du service public va proposer un parcours doctoral à partir de la rentrée

L’Institut national du service public (INSP) a annoncé, ce mardi 24 juin, la mise en place d’un parcours doctoral qui sera proposé à partir de septembre aux élèves de l'établissement titulaires d’un niveau master 2. Ce cursus inédit, dont l'introduction figurait dans la feuille de route de l’Institut au moment de sa création, en 2022, se déroulera sur quatre ans, en partenariat avec des universités qui délivreront le grade de docteur.

L’ambition figurait dans la feuille de route de l’Institut national du service public (INSP) dès sa création, en janvier 2022. “Des modules d’approfondissement, incluant la possibilité de suivre un parcours doctoral, seront introduits”, était-il écrit dans le document. Trois ans et demi plus tard, la volonté de l’exécutif va finalement se concrétiser.

Ce mardi 24 juin, l’INSP a officiellement annoncé la mise en place, dès septembre prochain, de ce parcours doctoral au sein de l’ex-ENA. “C’est une étape très importante pour renforcer les liens de l’école avec le monde de la recherche, après la mise en place de l’expérimentation du concours “Docteurs” en 2020 et le financement de contrats doctoraux par l’INSP”, s’est félicitée la directrice de l’Institut, Maryvonne Le Brignonen, au cours d’une rencontre organisée au ministère de la Fonction publique.

Un cursus de quatre années pour réaliser une thèse

Si l’INSP finançait déjà, jusqu’ici, des recherches doctorales au sein d’autres universités françaises, l’Institut n’offrait pas encore la possibilité à ses élèves de réaliser un doctorat. À partir de la rentrée prochaine, les élèves issus des voies externe et Orient, titulaires d’un master 2 ou équivalent, pourront se porter volontaires pour se lancer dans un projet de thèse, qu’ils devront réaliser sur quatre ans. Ce qui impliquera, pour chacun d’entre eux, l’inscription dans une école doctorale universitaire, d’où sera issu leur directeur de thèse. “Cette école sera choisie après des échanges avec les professeurs et la direction, en fonction du sujet de recherche”, explique-t-on du côté de l’Institut. Car l’INSP n’a pas été conçu pour délivrer lui-même des diplômes universitaires, la “Macronie” ayant opté, lors de la refondation de l’école de Strasbourg en 2021, pour un statut d’établissement public de l’État à caractère administratif (comme l’ENA précédemment) et non celui d’établissement public d’enseignement supérieur.

Les deux premières années des élèves qui suivront le parcours doctoral correspondront au même calendrier que celui des autres élèves de l’INSP, avec des mois d’études à Strasbourg et une période de onze mois sur le terrain, complétées par plusieurs modalités propres à l’activité de recherche. Les futurs doctorants se verront par exemple proposer, chaque mois, des séminaires de recherche, et seront suivis, individuellement, par un des enseignants chercheurs membres de la direction de la recherche de l’INSP. Puis, durant la période d’enseignements d’approfondissement, en deuxième année, ils devront opter pour des programmes de compétences transverses liés à leur sujet de recherche.

À la fin de leur cursus à Strasbourg, les doctorants prendront part à la même procédure d’appariement que le reste de leurs camarades, où ils se verront proposer des postes adaptés à la réalisation de leur thèse. “Ce sera probablement des postes de chargé de mission ou équivalents, qui peuvent être exercés à mi-temps pour laisser aux hauts fonctionnaires le temps de se consacrer à leur travail de recherche”, précise Maryvonne Le Brignonen à Acteurs publics, qui espère, pour la première promotion concernée, “entre 2 et 5 élèves” prêts à devenir doctorants.

C’est à la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État (Diese) que reviendra le travail de réflexion avec les employeurs, pour que ces derniers ouvrent des postes répondant à ces modalités. Selon un fin connaisseur du dossier, l’enjeu principal du parcours doctoral se situera d’ailleurs à ce niveau : “Cela nécessitera un effort important du côté des administrations, qui sont habituées à recruter des jeunes qui travaillent à temps plein, voire plus, à leur service.”

Faciliter les carrières à l’international

Motivé par l’ambition de faire de l’INSP un “lieu de réflexion scientifique d’excellence” autour de l’action publique, le parcours doctoral présenté ce mardi a des visées multiples. Grâce à lui, indique l’INSP dans un document détaillant le dispositif, les administrations pourront être en mesure de recruter, dès la sortie de l’école, des cadres supérieurs “titulaires de compétences opérationnelles leur permettant de mobiliser immédiatement les données, outils et méthodes scientifiques”. Ces mêmes méthodes, étudiées au cours de parcours de formation adaptés à chacun des élèves doctorants, doivent “faciliter la construction de certains parcours de carrière, notamment à l’international” et leur donner davantage de chances d’accéder “aux postes ou aux domaines qu’ils viseraient plus spécifiquement, notamment en contexte de transitions écologique et numérique”.

“Proposer des doctorats à des élèves de l’INSP, c’était une nécessité de longue date, se réjouit la source suscitée. Sur le plan international, si on veut faire carrière à la Banque mondiale ou au Fonds monétaire international, on ne peut se prétendre économiste ou juriste sans être docteur, donc c’était important de remédier à cette anomalie française.” La France est effectivement à la traîne sur le sujet, puisque selon des chiffres tirés de l’étude d’impact de la loi Fioraso de 2013, “moins de 2 % des cadres de la fonction publique” étaient docteurs, “contre 35 % aux États-Unis ou en Allemagne”.

La question du niveau scientifique des futures thèses

Derrière ces objectifs se pose tout de même la question du niveau scientifique de la thèse réalisée par les futurs doctorants. Ces travaux seront aménagés sur quatre ans, à mi-temps, contre trois années entières dans le processus universitaire classique. Alain Beretz, ancien directeur général de la recherche et de l’innovation et ex-président des jurys des concours d’entrée à l’INSP, s’en inquiète auprès d’Acteurs publics“La période proposée me semble trop courte pour rédiger une thèse répondant à des normes de qualité académique, note ce professeur des universités, pour qui “on peut très bien préserver à la fois les études et la future carrière des élèves hauts fonctionnaires, tout en leur permettant de réaliser un travail de recherche du meilleur niveau”.

L’INSP se veut toutefois rassurante. “Sur un calendrier de quarante-huit mois, avec des gens qui savent très bien écrire, je n’ai pas de doute sur ce point-là. En tant qu’universitaires, on ne saurait pas faire autrement qu’avoir un niveau d’exigence scientifique d’excellence”, souligne ainsi le professeur en droit public Sébastien Kott, délégué à la stratégie de recherche de l’Institut national du service public. Un autre haut fonctionnaire de l’État, lui aussi passé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, abonde dans le même sens : “C’est un faux débat, car les jurys n’accepteront pas de valider des thèses qui ne seraient pas au niveau. Le problème se situe, au fond, sur le fait que l’INSP ne puisse pas délivrer de diplôme en son nom, ce qui permettrait d’effacer tout doute sur des projets de recherche menés en son sein.” Pour obtenir des éléments de réponse, il faudra attendre fin 2029, date à laquelle les premiers doctorants estampillés “INSP” présenteront officiellement leurs travaux.

ACTEURS PUBLICS : Article publié le mardi 24 juin 2025 & Paul IDCZAK

 

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